Cycle de destruction et espoir de renaissance

Le premier "Fantasia" est une oeuvre intemporelle et immortelle, un classique du cinéma indiscutable. Des suites étaient prévues, sur le même concept : faire découvrir, grâce à l'animation et à l'imagination, la musique classique à tous. Projet avorté pour beaucoup de raisons, "Fantasia" représente en lui-même un petit miracle, qui semble incapable d'être reproduit.
Ce qui malheureusement se confirme par ce "Fantasia 2000".

Disons-le simplement, ce film manque d'ambition, d'idées, d'un vrai désir d'au moins tenir sur ses deux jambes, et pas de vivre du nom de son prédécesseur. On se rend vite compte que le but n'est pas d'en faire un nouveau classique, mais de rendre un hommage, sans y mettre les moyens qui sied pour un tel titan de leur catalogue.

Les séquences intermédiaires, aussi bien au niveau de la mise en scène que dans le choix des invités - on a du mal à comprendre en quoi la carrière ou la prestance d'un Steve Martin évoque la musique classique ou l'animation en général, par exemple - restent très basiques. "Fantasia" premier du nom avait un sens de l'esthétique, qui est limite parodié dans cet opus, et qui nous sortent de l'ambiance.

Le choix des designs et des textures pour plusieurs séquences animées sont aussi très discutables, comme celle avec les flamands roses, et l'insertion d'un Donald et d'une Daisy aux temps bibliques. C'est trop propret moderne, trop lisse, et crée un schisme avec le ton de la musique employée. La toute première séquence avec les cocottes en papier annonçait la couleur, et rien ne vient la contredire, malheureusement.

La séquence de "Rhapsodie in Blue" tire son épingle du jeu, certes, et est assez sympathique, mais un peu trop répétitive et un peu trop longue. Un peu pareil pour la séquence des baleines, qui s'étire un peu sans raconter grand chose. La séquence de "L'intrépide soldat de plomb" est quant à elle malheureusement assez transparente, malgré son potentiel, n'ayant pas le courage d'employer la vraie fin de son récit originel. Alors que la musique classique aurait été parfaite pour en tirer toute la douceur tragique.
La réutilisation telle quelle de la séquence culte de "L'apprenti sorcier" s'avère assez honteux, n'ayons pas peur des mots. On n'est pas dans l'hommage, mais dans la paresse, surtout quand aucun segment ne touche du doigt ce morceau d'histoire de l'animation.

Aucune, à l'exception d'une seule. "Firebird suite" se trouve être l'unique séquence qui aurait sa place parmi les grands classiques du premier "Fantasia". D'une beauté à couper le souffle, d'une fluidité et d'un mouvement magnifique, rempli de couleurs et à l'histoire vraiment charmante, enchanteresse et terrifiante, magnifique illustration des cycles de la destruction et de la renaissance. Le seul reproche qu'on pourrait lui faire, c'est qu'elle est fort courte.
Mais quelle belle note pour conclure un long-métrage qui a du mal à s'accorder !
Et nous rendre l'espoir d'une retour possible, même si peu probable, de cette formule ?

Hommage un peu trop moderne, qui se contente de réutiliser des séquences inachevées, des morceaux d'idées tirées de vieux tiroirs poussiéreux, ainsi qu'une séquence immortelle, "Fantasia 2000" n'est pas à la hauteur de son illustre aîné, même si la première séquence avec les baleines montrait des promesses, concrétisées par la nymphe de la nature dans la dernière. Il lui en manque la dignité globale, ainsi que le désir simple et sincère de faire découvrir la musique classique aux jeunes générations, en déployant tous le savoir-faire du studio.
Un film assez mineur, mais avec certaines séquences suffisamment belles et fortes que pour ne pas sombrer dans un oubli total, et espérer des jours meilleurs.