Film coréen ayant fait un flop à l’étranger, c’est en Direct To DVD (DTV) que « far away » sort chez nous. Attention donc, la sortie directement de ce film sur ce format à la place des salles obscurs n’est pas synonyme de qualité médiocre, plusieurs films sortit ainsi ont déjà pu surprendre (« Predestination »).
Tiré d’un fait réel se passant durant la IIème guerre mondiale, période sombre de l’humanité ayant causé tout un tas de souffrance, et donc période faste pour raconter des histoires d’abnégation, de loyautés, de courages, de résistances, d’espoir, de souffrances injustes et de parcours exceptionnels.
L’histoire est celle de deux hommes, deux coureurs rivaux de marathon. Tatsuo est fils de bonne famille japonaise, Jun-Shik vient de la campagne coréenne, à l’époque colonie japonaise. Autant de différences qui les opposent, les coréens étant régulièrement méprisés par les japonais. Après une tragédie qui les opposa durablement, la rivalité enfantine semblait s’être transformée en haine mutuelle. Tatsuo est devenu arrogant et méprisant tandis que l’intègre Jun Shik est devenu un symbole pour son peuple.
La guerre qui embrase le monde à cette période va bousculer leurs destins. Jun Shik se retrouve enrôlé de force dans l’armée japonaise, que Tatsuo a rejoint volontairement contre l’avis de ses parents, pour servir sa nation et l’Empereur. Ce dernier profite de son grade pour se venger des humiliations de son rival. Rien ne semblait pouvoir rapprocher les deux hommes, ni amener l’infâme colonel japonais qu’il était devenu à changer. Mais ils n’avaient encore aucune idée de ce qui allait les attendre…
Leur périple les conduira sur plusieurs champs de bataille, pris entre différents feux, de la Russie à l’Allemagne. De quoi transformer bien des hommes…
Un constat s’impose, qu’elle soit japonaise, russe ou allemande, des forces Alliés ou de l’Axe, les armées s’avèrent sans pitié, ouvrant le feu tant sur l’ennemi que sur ses soldats qui reculeraient face à une peur bien compréhensible. Par amour pour la patrie, pour l’homme érigé en symbole censé les diriger, qu’il soit l’Empereur du Japon, le camarade Staline ou le Fuhrer Hitler, autant de causes que l’on juge digne de perdre la vie, dans l’honneur et la fierté. Pas une nation ne semble rattraper l’autre, quelle que soit le côté dont elle se trouve (j’ai vu « Stalingrad » il y a peu qui montrait la même violence chez les russes).
Les officiers sont eux-mêmes victimes de leurs convictions, de leur foie aveugle envers ceux qui les envoient mourir. S’ils reculent, ils se font eux-aussi condamnés, et dans le combat ils meurent comme les soldats. Les horreurs de la guerre, l’enfer des champs de bataille ou des camps de prisonnier sont à même de souiller l’âme, de transformer les hommes en bête, un innocent en bourreau, durement écartelé entre sa nature profonde et les actes qu’on le pousse à accomplir. Même chez les soldats ennemis, beaucoup ne souhaitent pas combattre, parfois enrôlés de force, aveuglés et manipulés par des gouvernements qui les utilisent comme chair à canon. Mais en temps de guerre, toutes ces raisons n’ont aucune importance face aux obus et aux balles, face aux armées adverses qui ne regardent que l’uniforme de l’homme en face de lui, quelque soit la justesse de la cause qu’ils défendent.
Certes, les autres forces Alliés, américains et européennes, échappent à cette démonstration de barbarie. Néanmoins, excepté le débarquement, on ne les voit guère. A trop souvent montrer au cinéma l’héroïsme et les souffrances des soldats américains venus libérer les français sous occupation, on oublie qu’ailleurs dans le monde, d’autres peuples ont souffert des ambitions de leurs voisins durant cette guerre décidément absurde, porte ouverte à toute la cruauté dont l’homme peut se montrer capable.
Loin de chez lui, son autorité remis en question, Tatsuo est confronté à sa loyauté envers un Empereur qui semble les avoir abandonné. Il découvre que la même cruauté sous couvert de dévotion aveugle les soldats d’autres nations. Alors qu’il aurait toute raison de l’abandonner au sort qu’il mérite, Jun Shik persiste à l’aider malgré tout, au nom de leur ancienne rivalité d’enfance.
Jun Shik agissant avec une intégrité, un courage et un sens héroïque étonnant, on peut s’interroger sur la véracité des événements et de la nature des personnages décrits.
Déluges d’explosions, bâtiments en ruines suggérant un monde apocalyptique, marres de sang, l’horreur des champs de bataille semble avoir été bien retranscrite.
Les scènes de guerre sont indéniablement bien réalisées. Ai-je ressenti une certaine fascination devant notre propre destruction, ou une attirance masculine par les jeux de guerre ? Dans tous les cas, ces scènes révulsent surtout, festival de destruction et de tuerie à peine concevables.
Quelques défauts comme une certaine maladresse dans l’enchainement trop rapide de certaines scènes, une certaine lassitude dans les nombreuses scènes de guerre, quelques lenteurs, et donc un doute sur la crédibilité d’une personnalité comme le héros.
Pour conclure, un film à la promotion limitée mais qu’il serait dommage de passer à côté. Quelques éléments à éventuellement remettre en question, à charge de l’esprit critique et de la connaissance historique du spectateur, mais il à y a mon avis une vraie réflexion sur la guerre qui justifie à elle seule le visionnage.