Avant de vous faire part de mon enthousiasme, je vais encore une fois radoter.


Car il est proprement scandaleux de ne pouvoir avoir accès à Flow, le Chat qui n'Avait plus Peur de l'Eau, qu'avec une extrême parcimonie patiente dès lors que l'on est un peu éloigné des grands centres urbains.


Car à part une unique séance à l'Arras Film Festival à laquelle je n'ai malheureusement pu assister, il m'aura fallu attendre une semaine supplémentaire par chez moi... Et une autre unique séance !


Le masqué ne sait pas vers qui diriger sa machette en guise de châtiment : soit vers ses exploitants de salles, mais dont il peine à croire qu'ils soient tous des idiots finis, ou bien vers le distributeur du film, peut être totalement à côté de la plaque dans sa stratégie à la limite de la faute professionnelle.


Mais ce qui est sûr, c'est qu'encore une fois, il y a vraiment quelque chose de bien pourri au royaume du Danemark, surtout au pays du soit disant accès facilité à la culture, dont on ne cesse de parler, pourtant, avec des trémolos humides dans la voix. Alors même que dans certains cinémas, on ne cesse d'exploiter, voire rincer, d'autres oeuvres depuis l'été.


Allez comprendre...


Mais je m'égare.


Parce que le masqué a été subjugué par Flow. Et rien que pour cela, il aurait été bien énervé de l'avoir raté. Emporté même par cette inexorable montée des eaux provoquée par on ne sait quel déluge ou cataclysme qui ne sera jamais expliqué par Gints Zilbalodis.


Parce qu'il a été surpris par le fait que Flow tienne jusqu'au bout son pari de l'absence de paroles, que même les génies de Pixar n'avaient pas osé durant Wall-E. Tout comme il a été surpris de penser à des réminiscences de Mad Max : Fury Road et des Fils de l'Homme, par ses plans séquence menaçants, durant sa séance. Au cours de laquelle il a été aussi soufflé et cueilli.


Flow, le Chat qui n'Avait plus Peur de l'Eau semble envisager le début d'un nouveau règne, celui des animaux et de la nature déréglée qui reprend furieusement ses droits. Il ne reste plus de l'homme que des vestiges, des plus petits du quotidien, collectionnés par un lémurien un brin kleptomane, aux plus immenses en forme de statues.


La nature redevenue souveraine n'est pas moins impressionnante, en dressant comme des concrétions telles des mains tendues vers le ciel ou en déchaînant ses grandes eaux et ses tempêtes furieuses. Donnant à Flow des allures de survival immersif intense et sensoriel. Mêlées à un feeling de mythologie cosmopolite, dont les ruines évoquent tour à tour l'Asie du Sud Est et l'Europe lacustre.


Ce sentiment d'universalité est prolongé par le casting des animaux venant à embarquer dans cette improbable arche de Noé, venant entre autres d'Afrique, de Madagascar et d'Amérique latine. Voire même d'une faille temporelle, comme en donne l'impression cette baleine aux accents surnaturels croisée en plusieurs occasions.


Choc esthétique, entre sublimes décors hyper détaillés et animaux doués de vie par l'esquisse, ode hypnotique à la nature et au vivant aux accents énigmatiques, baigné d'une sérénité devenue peu commune dans le cinéma d'aujourd'hui, Flow est sans doute ce qui s'est fait de mieux dans le genre animation en 2024 avec le tout aussi formidable Robot Sauvage.


Deux oeuvres qui partagent une réflexion commune sur la place de l'homme et son influence néfaste.


Et si le monde pouvait se porter mieux en notre absence ?


Behind_La voie de l'eau_the_Mask.

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le 16 nov. 2024

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