Une nuit en enfer
J’ai aimé, douze heures d’une Russie orpheline de maman URSS (sans repère et sans autonomie) et pas encore « guidée » par tonton Poutine.
le 24 juil. 2019
Elle a beau avoir germanisé son patronyme ((de Kruglova à Kreis), le premier long-métrage d'Anja Kreis, qui est aussi son film de fin d'études, est fondamentalement russe et pas seulement parce que la vodka, les cornichons et les saucisses y ont toute leur place. La distribution française du film a d'ailleurs accentué cette identité de façon outrancière avec son affiche de matriochka sanglante et son titre, Folle nuit russe, qui n'a qu'un lointain rapport avec l'original. Passons. Le film se situe juste à l'aube de l'an 2000, à la fin du "règne" de Elstsine alors que le conflit en Tchétchénie bat son plein. La guerre est dans toutes les têtes et dans certains corps de la petite ville d'Ivanovo, traumatisée de plus par la décadence de l'industrie textile qui assurait la prospérité de la cité. Folle nuit russe se déroule pendant 12 heures pendant lesquelles plusieurs récits se déroulent en parallèle, en se connectant parfois, mais pas toujours. Le film peut-être déstabilisant dans sa première partie mais son chaos apparent est aussi symptomatique de l'état d'esprit des habitants d''Ivanovo en cette période précise et la cinéaste trouve in fine un équilibre précaire dans ce camaïeu de situations souvent dramatiques et absurdes qu'elle saupoudre d'un humour noir féroce et réjouissant. Ce premier film ne part pas tant que cela dans tous les sens et témoigne même d'une certaine maîtrise dans la démesure. C'est prometteur dans un cinéma russe qui n'a pas peur de s'engager et de pousser le curseur de la satire assez loin (voir aussi Factory, dans un autre genre, ou encore L'insensible, qui sortira le 11 septembre).
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Créée
le 7 août 2019
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