Lost in the shell

Critique très subjective!

Je ne vais pas vous résumer l'histoire, si vous me lisez c'est que vous vous êtes renseigné un minimum sur le film ou que vous connaissez déjà le manga animé ou papier. Alors ça sera très simple, pour résumer mon ressenti, je dirais que Ghost in the shell est une association de gens qui ne vont pas ensemble.

Concernant le réalisateur Rupert Enders, pas grand chose à dire étant donné que c'est son deuxième long-métrage et qu'on va lui laisser le gain de l'inexpérience mais j'aurais aimé un peu plus d'audace sur la mise en scène et le scénario. Concernant le choix de Scarlett Johansson pour interpréter le major, je ne comprends pas non plus ce choix : même si ces derniers temps elle enchaine les rôles d'extra terrestre cannibale (Under the skin) ou de mutante surpuissante (Lucy) cette coupe au carré en brune ne lui va pas du tout et le pire c'est que par moments on peut lui voir ses mèches blondes alors s'ils ne peuvent même pas faire une teinture jusqu'au bout...De même sa démarche de boxer contrarié n'est ni naturelle ni même cybernétique (Robocop premier du nom faisait mieux). Le choix des acteurs secondaires : c'était une bonne idée de prendre Takeshi Kitano pour interpréter le chef de la section 9 mais malheureusement le film n'est pas à la hauteur d'un réalisateur de sa stature et son rôle en devient presque anecdotique. Quant à Juliette Binoche je pense qu'elle n'est décidément pas faite pour les rôles de scientifique aux morts prématurées (Voir Godzilla)!! Il n'y a finalement que l'acteur Pilou Asbaek que je trouve crédible dans le rôle de Batou. Parlons de la musique de Clint mansell : celui-ci avait fait un travail de montage intéressant, façon clip, sur Requiem for a dream, de même que dans The Fountain ou Black Swan la musique soutenait assez bien les images. Dans Ghost in the shell il est loin mais très loin de l'univers sonore de Kenji Kawai; loin des gongs, des percussions, des chants asiatiques, tous ces sons qui venaient renforcer l'atmosphère pesante et finalement en "apesanteur" quasi glauque de l'anime.

Ha oui, l'ambiance, parlons-en. Ben pour résumer, il n'y a pas d'ambiance. Certes on a droit à toute une succession de clins d'oeils et de reprises d'éléments de Ghost in the shell et Ghost in the shell 2: Innocence: les poupées geishabot, la ville (c'est d'ailleurs dommage qu'ils n'aient pas insisté plus sur cette architecture de mégalopole), les humains modifiés, les espèces de bombardier dans le ciel, les fonds aquatiques quand le major va se ressourcer ou le char Spider dans le combat de la fin. Mais finalement tout est très fluide et transparent : cela s'enchaine comme les pistes d'un cd audio neuf et sans un mixage plus subtile au contraire de l'anime qui lui, jouait sur des scènes de flottement et d'attente (des interludes) pour créer une tension et un malaise. Concernant l'esthétique, cela reste un choix artistique discutable : pour ma part je trouve le film trop "lumineux" (l'anime surtout Innocence était quand même très sombre), trop coloré, encore une fois on en voit trop et à l'inverse les scènes de combat sont assez baclées. Exemple de la scène reprenant le combat avec le char Spider du manga : dans mes souvenirs ce combat est censé être le "drop", le climax de l'attente d'un combat dantesque et qui durait très longtemps dans l'anime. Dans le film live je n'ai pas chronométré mais je dirais que le combat dure de 1 à 2 minutes.

Cela nous emmène au dernier écueil du film: il est américain! Attention je ne vais pas faire mon amateur réactionnaire, pas du tout. Il leur arrive de faire de très bons films et je suis fan de certains grands réalisateurs. Il ont les moyens de faire ce genre d'entreprises et de proposer des produits divertissants, à l'image des Avengers (pour certains c'est de la soupe mais au moins les combats sont spectaculaires). Non le gros problème des américains c'est souvent de vouloir nous simplifier la vie...notre vie de spectateur : parfois il est bon de rester dans le flou et qu'on nous laisse le temps de cogiter. Dans le manga, outre l'aspect philosophique, de nombreuses questions restent en suspens et sans réponse, on nous embrouille l'esprit. Ici on nous explique tout! D'où vient le major, ses origines personnelles, son traumatisme, sa fabrication, les origines du pirate informatique quelle poursuit, ses souvenirs...la scène finale de retrouvailles est absolument indigeste et je me suis retenu d'éclater de rire. C'est vraiment dommage mais ce film n'est pas un film pour les fans et s'adresse plutôt un un grand public curieux de découvrir un manga culte. Je ne suis pas producteur mais si on m'avait laissé le choix j'aurais opté pour quelqu'un comme Hideo Kojima à la réalisation, le créateur du jeu vidéo de Metal Gear, qui si même s'il ne fait pas de film de fictions pour l'instant a lui, "un oeil" et une identité artistique. Ainsi Ghot in the Shell version live, n'a non seulement pas réussi à copier le manga (ce qui n'est pas forcément une bonne chose) mais n'a pas non plus réussi à trouver sa propre identité.