Gran Torino par guillaumedri
Gran Torino, ce chef d’oeuvre.
Walt Kowalski (Clint Eastwood) vient de perdre sa femme. Ce vétéran de la guerre de Corée vit seul avec sa chienne et sa Gran Torino, une Ford de 1972. Replié sur lui-même, acide, misanthrope et raciste, il passe la plupart de son temps à détester tout ce qui bouge en sirotant quelques bières fraiches. Il n’a de grâce pour personne, ni ses deux fils qui ne pensent qu’à son héritage, ni le prête qui tente désespérément de le faire venir à confesse, ni ses voisins, des asiatiques Hmong qu’il méprise. Et un jour tout éclate lorsque le jeune Thao s’introduit dans le garage du vieillard pour lui chourer sa Gran Torino. Son armé dégainée et pointée vers le voleur, le vieil aigri Walt Kowalski ne sait pas encore qu’il va se lier d’amitié avec ce jeune asiatique, et que sa vie va changer.
Vous avez remarqué comme parfois on peut tomber sur le genre de personne qu’il vaut mieux pas faire chier? C’est moi. A 78 ans, Clint Eastwood est un digne représentant du club des indétrônables légendes du cinéma. Devant ou derrière la caméra, il n’a plus rien à apprendre ni même à prouver. Des bijoux, il en a réalisé et en réalise encore par paquet. Car le Clint est une machine à tourner. Il nous pond un film par année sans jamais tomber dans de la réalisation de moindre qualité. Non, car il est aussi une machine à chef d’oeuvres. Malgré son classicisme avéré qui désarme certains spectateurs, il réussit toujours à s’intégrer dans un schéma cinématographique contemporain qui fait tout le charme de ses films.
Dans Gran Torino, Eastwood est un chef d’orchestre magistral. Plans, cadrage, montage, scénario, dialogues, acteurs, musique, tout est impeccablement dirigé, calculé, maitrisé. Aucune faiblesse, rien qui dépasse et qui pousse à la faute. Gran Torino, est une oeuvre d’une incroyable qualité.
Mais Eastwood ne se limite pas à exercer ses multiples talents derrière la caméra et passe de l’autre côté pour incarner un personnage ô combien charismatique. En incarnant Walt Kowalski, il fait preuve d’un jeu d’acteur remarquable. Il grogne comme jamais jusqu’à pousser son personnage à la caricature qui fait sourire. Il éructe une bière à la main en regardant au loin les noirs, les jeunes, les petits blancs, les bridés qui envahissent son quartier. Avec ses vieux potes, le polak, le sale rital ou le pochetron d’Irlandais ils se lancent des invectives et se racontent des blagues déplacées. Mais derrière l’apparence abjecte du héros se cache un homme écorché par son passé, par les gens qu’il a tué durant la guerre, par la cruauté de la vie.
Clint Eastwood sait filmer comme personne d’autre. Il réussit à jouer avec nos sentiments. A nous faire aimer un personnage au départ antipathique. Il nous plonge dans la vie de Walt comme si nous habitions avec lui. Il nous fait découvrir chaque parcelle de son intimité de vieux solitaire. Ses bières qu’il savoure, son chien, seul confident, son garage dans lequel il étale sa collection d’outils et enfin son plus beau trophée, sa seule véritable réussite, sa Gran Torino dont il a lui même posé quelques pièces lorsqu’il travaillait chez Ford. Eastwood bouleverse les jugements imposés au début du film. Il joue avec l’action, l’humour, les émotions et nous conduit là où il le voulait avec une classe sans pareil. Au fil des minutes, Walt Kowalski, ce vieillard grincheux au mépris universel, campé sur ses positions, perd son blindage. Le spectateur devient celui qui le connait le mieux. Celui qui comprend le mal qui l’habite.
Je crois mon père que vous ne connaissez rien de la vie ou de la mort, car vous êtes un jeune puceau sur-éduqué de 27 ans, qui tient la main de vieilles dames superstitieuses en leur promettant l’éternité.
Gran Torino n’es pas un autre film du grand Clint Eastwood. C’est son film. Certainement l’un de ses meilleurs. On aime pas Gran Torino. On en tombe amoureux. Derrière ce bijoux cinématographique se cache toute une réflexion morale sur la justice, les préjugés, la religion, les ethnies, l’héroïsme, les blessures de guerre, la famille, l’amitié, le sacrifice… C’est un film humain. Un film poignant. C’est un véritable chef d’oeuvre.
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