Joe Wright fait preuve d'une créativité hors du commun et Saoirse Ronan excelle dans son rôle.
Joe Wright fait preuve d'une créativité hors du commun dans la mise en scène de ce film d'action dont l'excellent scénario avait déjà été listé sur les Listes Noires (listes annuelles des meilleurs scénarios improduits de l'année) de 2006 et 2009. Mais la reconnaissance revient avant tout au talent de l'actrice Saoirse Ronan, rare actrice à pouvoir jouer son rôle d'Hanna correctement tout en maniant des armes à feu dans les scènes d'action.
Il n'y a pas à dire, le caractère d'Hanna, jeune adolescente de 16 ans, a tout d'une femme forte, dans tous les sens du terme. Entraînée dûrement à l'art de tuer par son père (Eric Bana) et élevée dans la forêt enneigée de Finlande depuis son enfance, Hanna va devoir faire face à un nouveau monde et découvrir la réalité sur ses origines alors que son père l'envoie en mission et que des agents (à la tête desquels Cate Blanchett) s'acharnent à les traquer. Depuis la Finlande jusqu'à Berlin, en passant par le Maroc, le spectateur suit l'évolution d'Hanna et sa traque dans ce monde auquel elle n'a pas été préparée...
Le scénario de Seth Lochhead, reconnu comme étant l'un des meilleurs scénarios en 2006 et 2009, avait déjà suscité l'intérêt de pas mal de metteurs en scènes. C'est au final Joe Wright, réalisateur d'"Orgueils & Préjugés" et "Atonement", qui l'a réalisé. La touche qu'il apporte au film est incontestablement efficace et innovative. Vous ne verrez pas un autre film comme "Hanna". Voici de l'action intelligente et intéressante comme on n'en a pas eue depuis longtemps. Ce n'est pas seulement parce que le héros n'est qu'une gamine de 16 ans que l'action est "originale", mais surtout à cause du style du réalisateur.
Joe Wright se permet de s'exprimer à travers les images, aussi folles soient-elles, en nous offrant des images au style très spécial, rendues d'avantage intéressantes par le montage qui frôle le psychédélique par moments. Il y a par exemple cette scène de poursuite à travers un couloir de ventilation, alors que Hanna tente d'échapper à l'agence qui la retenait pour interrogatoire. La succession des images (notamment les gros plans de travers de son visage) apportent une étrange émotion au sein des spectateurs. D'autres scènes d'actions aux décors inhabituels suscitent d'autres impressions, comme "que fait Hanna là-bas"? La scène finale tournée dans le Parc d'attractions abandonné de Plänterwald à Berlin est sans aucun doute le meilleurs exemple de décors déconcertant et pourtant très lyrique du film.
Il va sans dire que la musique joue aussi un grand rôle. Alors que le silence s'installe pendant les premières 15 à 20 minutes du film, la première scène d'action se révèle très surprenante par sa musique aux allures modernistes et psychédéliques. Ce sont les Chemical Brothers (Tom Rowlands et Ed Simons) qui signent l'entièreté de la bande originale du film, nous apportant un lyrisme très intéressant, allant depuis des musiques electroniques et profondes ("Container Park") jusqu'à des musiques fofolles et amusantes, dont l'inévitable "The Devil is in the Details" siffloté à plusieurs reprises par l'acteur Tom Hollander.
Cet effet "images folles" assez stylisé et mis en évidence par les musiques des Chemical Brothers nous permettent d'expériencer l'action sous un nouvel oeil, mais aussi peut-être à nous mettre à la place d'Hanna, pour qui tout ce nouveau monde qu'elle découvre passe pour fou et imprévisible. Pendant les scènes de pauses, Hanna en vient même à rencontrer une jeune adolescente assez spéciale de même que son jeune frère et ses parents, idée intéressante pour marquer la rencontre entre des gens "normaux" avec un être venu "de la forêt"!
Même si la révélation finale sur les origines d'Hanna ne nous surprend pas tant que ça, la présence de Saoirse Ronan joue un rôle majeur à l'écran. Peu importe encore l'histoire et le style du réalisateur: "Hanna" vaut le détour uniquement pour son personnage principal et l'actrice qui l'incarne! Rarement on a vu une actrice capable de manier les armes à feu, faire des cascades et incarner son rôle non simpliste en même temps. Son personnage fort intéressant voit d'ailleurs son caractère hors du commun résumé par une seule réplique aux multiples interprétations, lâchée au tout début du film et tout à la fin avant les crédits: "J'ai manqué ton coeur"!