Allez Harry, tu sais y faire avec des dragons. Trouve une cavalière- J'aimerais mieux danser avec un dragon.
Un film étrange que ce quatrième opus. Peut-être pas le pire, mais l'un des plus bancals, à la fois du point de vue de l'adaptation et même en tant que film seul! Il faut bien dire que traduire en image un roman aussi chargé en péripétie tout en conservant le travail de ses prédécesseurs n'était pas la tâche la plus simple à réaliser pour le bon Mike Newell. Le film mérite-il cependant de tomber dans les limbes de la saga? Sincèrement non! Certes, cet opus est bourré de problèmes, de choix discutables voire franchement à coté de la plaque, il n'en demeure pas moins que contrairement à ceux qui suivront (signé David Yates), la sauce parvient à prendre et l'aspect enchanteur reste présent. Qui plus est, Mike Newell parvient à amener une touche particulière au film, à mi-chemin entre le teenage movie, la comédie anglaise, le film de compétition et le thriller.
En effet, le réalisateur s'implique énormément à retranscrire l'intrigue de manière visuelle, notamment via divers procédés de mise en scène comme le forshadowing (préparer un retournement de situation via des indices), le set up pay off (placer un élément qui va servir plus tard) et l'ironie dramatique (quand le spectateur pressent que quelque est en train d'arriver au(x) personnage(s)). Le spectateur est très vite au courant des éléments à venir, contrairement aux personnages. Les épreuves sont annoncées via des indices et des répliques lourdes de sous-entendus. Un exemple de cela est la scène du bain sensée révéler au héros la nature de la seconde tâche: tout est compris en un plan sur un vitrail. De même pour la mort d'un certain personnage, symbolisée par l'image d'une faucheuse revenant à plusieurs reprises au cours du récit, par l'intermédiaire de visions/prémonitions induites par le lien Harry/Voldemort.
L'autre grande force de cet opus est l'introduction de nouveaux personnages qui confèrent une ambiance plus sérieuse au tout, le premier étant bien sûr Alastor Maugrey dit Fol œil, incarné par un Brendan Gleeson habité et au maquillage stupéfiant.
Enfin, un élément marquant de cet opus est son ton irrévérencieux, dans la lignée du métrage débridé et à fleur de peau que constituait le prisonnier d'Azkaban. Sans faire dans le contemplatif ni dans l'hystérie de son prédécesseur, la coupe de feu trouve son rythme de croisière en assumant davantage son ton "so british", à base d'humour tantôt coincé, tantôt caustique. On est moins dans une image d'Epinal des écoles anglaises, à l'instar du travail de Colombus sur les deux premiers, que dans un style un tantinet "sale gosse" et "sentimental". Entre les tourments amoureux, l'éveil du désir et les rivalités, le film dévoile de nouvelles facettes insoupçonnées de ses personnages et de son univers. Alors, oui, le long-métrage flirte parfois avec le niais et l'inintéressant, mais le final à lui-seul montre que l'attente en valait la peine. Un final purement déchirant, donnant du sens au parcours du héros et annonçant un sombre avenir.
Un opus aux choix parfois brillants, souvent douteux mais délivrant un grand spectacle au final!