Avec Helldriver, un des premiers films à présenter en ouverture le logo Sushi Typhoon, on ne cache pas sa joie de retrouver le Yoshihiro NISHIMURA de Tokyo Gore Police, après le petit écart de Vampire Girl Vs. Frankenstein Girl. Si le film est mieux réalisé, il n’en est pas moins aussi génial que débile. Avec ce film de zombies, NISHIMURA n’a jamais aussi bien porté son surnom de Tom SAVINI du Japon ; Helldriver est un niveau au-dessus du reste en matière de violence et de cruauté servies par des effets spéciaux encore moins ragoutants que d’habitude, allant de simples animations à la Evil Dead jusqu’à du torture porn pour le moins dérangeant.
Une fois de plus, NISHIMURA met en scène d’une main de maître en recréant à merveille cette société post-apocalyptique et les conflits humains que celle-ci implique. Comme toujours avec le réalisateur, la satire sociale occupe une place prédominante dans le récit et sous l’absurde et le gore qui sauront satisfaire les fans de séries Z, Helldriver affiche un message fort qui en fait un digne héritier des premiers films de George A. ROMERO. Alors que le film de zombie est aujourd’hui devenu un genre horrifique aussi creux que cliché, Helldriver le ramène à ses origines, à l’époque où ROMERO réalisait La Nuit Des Morts-Vivants ou encore Zombie comme des films sociaux emprunts de critiques virulentes de la ségrégation raciale dans les années 60 ou de la société de consommation dans les années 70. Le critique de Yoshihiro NISHIMURA est plutôt à chercher du côté de l’État et de la police permettant ainsi au film d’échapper ainsi au schéma binaire des bons opposés aux méchants. Avec Helldriver, NISHIMURA ressort son côté anar’ et nous montre que l’idée de justice est également détachée de ceux que l’on appelle "les bons", qui au fur et à mesure du film deviendront d’ailleurs des antagonistes. Pour représenter ce Japon emmené par un état d’urgence où la fin justifie les moyens, Yoshihiro NISHIMURA n’hésite pas à user de l’imagerie nazie, d’un pastiche de propagande outrancière et de surplomber le tout en affichant sans détour les dirigeants du pays face au drapeau impérial japonais.
Bardé de références (le "Giri giri giri" lancé par Eihi SHĪNA, déjà vu chez NISHIMURA dans Tokyo Gore Police, en hommage à son rôle dans Audition de Takashi MIIKE, rôle qui l’a fait découvrir), d’auto-références (on peut apercevoir plusieurs tags "Sushi Typhoon" sur les murs de la ville) et de caméos (avec en tête les apparitions hilarantes de Yoshihiro NISHIMURA lui même et de son éternel compère Noboru IGUCHI), le film nous offre également l’agréable surprise d’Asami et de Takumi SAITŌ qui viennent, le temps de quelques scènes, grossir les rangs d’un casting sympathique emmené par la talentueuse Eihi SHĪNA et par la prestation incroyable de la mannequin Yumiko HARA, qui porte tout le film sur ses épaules, aussi frêle que charismatique.
Les bonus du DVD ne sont pas en restes, un making-of d’une quarantaine de minutes nous emmène dans les dessous du tournage infernal de Helldriver. Tourné en quinze jours, de jour comme de nuit, ce documentaire nous montre une équipe au bout du rouleau mais prête à tout pour terminer le film. Avec le budget absolument ridicule alloué à la réalisation du film, Yoshihiro NISHIMURA nous montre l’étendue de son savoir-faire en élaborant tout un fourmillement d’astuces techniques qui sont d’ores et déjà la marque de fabrique des films Sushi Typhoon.
Avec Helldriver, Yoshihiro NISHIMURA transforme l’essai et prouve une fois de plus que ses films constituent le haut du panier dans le domaine du cinéma bis et qu’il est bel et bien l’homme qui porte l’étendard du cinéma made in Sushi Typhoon.
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