Un film selon mes goûts: Réalisation effacée, bon scénario, magnifique mise en scène et photographie
Quand j'ai vu la bande-annonce, j'ai su que c'était le genre de film que j'allais adorer. Plein d'humanité, de sentiments et de tendresse, plein de ces instants du quotidien qui révèlent l'essence ou le sens qu'on peut insuffler à la vie.
L'unanimité dont fait preuve ce film m'a dans un premier temps conforter dans mes attentes. Puis, je dois l'avouer, j'ai craint que ce soit la preuve que la simplicité soit sacrifiée au profit d'une démonstration, d'un exercice de cinéma, pouvant plaire aux plus snobs et qui moi me gênerait...
Et rendons grâce à Dieu, ce ne fut pas le cas ! Résultat, j'ai en effet adorer ce film. J'ai beaucoup ri, je me suis senti très complice du héros et de cette "héroïne". Je l'avoue sans honte, je me suis énormément identifié à ce personnage incarné par Joachim Phoenix. Je ne suis pourtant pas un grand admirateur de l'acteur, qui semble faire l'unanimité. Je le trouve souvent trop neutre, privilégiant trop souvent l'intensité à la nuance, à l'humilité ou même au naturel de certains acteurs qui finissent toujours par imprégner leur rôle de leur propre personnalité. Ici pourtant, je l'ai vraiment trouvé touchant.
Je n'ai pas envie pour l'instant d'expliquer en détails pourquoi j'ai aimé ce film. Je le ferais probablement à mon second visionnage, lorsque j'aurai acheté le dvd. J'ai préféré profiter pleinement du film, plutôt que de porter sur lui un regard plein de recul. L'important pour moi, c'est que ce film m'a fait très souvent rire, un rire complice, un rire intelligent, pas une explosion de rire, mais un rire plein de tendresse. Ces petits rires qui vous prennent parfois, lorsque vous vous remémorez des instants passés. Ce film m'a beaucoup touché aussi, il ne m'a pas tiré de larmes, ce n'était pas des émotions très intenses mais tout au long du film, j'ai été nourri de ces émotions que sont la tendresse et la sympathie. J'ai été touché par la beauté des images, cette mise en scène souvent portée par des plans fixes sur des photographies sublimes, où les couleurs sont chaudes, ou tout les objets, les paysages, les personnages se démarquent sur l'image sans pour autant nuire à l'unité. J'ai trouvé ce film agréablement beau, et pourtant la beauté plastique et chromatique, comme le cinéma me l'a régulièrement prouvé ces dernières années, ne provoquent pas systématiquement en moi un sentiment, une impression agréable.
Je me contenterai donc d'expliquer pourquoi, je n'ai pas mis 10 à ce film, pourquoi je lui retire un point :
Principalement à cause de deux scènes (si mes souvenirs sont bons), de sexe virtuels, je dois avouer que je ne peux pas m'empêcher de trouver ça ridicule et puéril. Peut-être suis-je trop fermé, mais le sexe mental ne m'a jamais attiré plus que ça. J'aime les scènes érotiques, mais j'aime surtout la rencontre des corps, les fantasmes qui en résultent, et qui surgissent de l'aspect charnel, et même de la réaction de deux corps l'un à l'autre : Mimiques, gestes, tressaillements, souffles... J'aime la poésie qui va nous plonger dans les impressions, les sensations, mais décrire les "actions de l'acte sexuel" m'a toujours semblé trop artificiel pour être pris au sérieux. Et même la première scène qui tourne en comique, si elle m'a fait sourire une seconde, m'a semblé longue et m'a vraiment éjecter du film quelques instants.
Le deuxième point est à relativiser. En effet, j'ai trouvé qu'il était très dommage que ce film, alors même qu'il nous présentait avec subtilité et intelligence un monde futur, un possible avenir, fasse de l'histoire d'amour entre ce logiciel et le héros, une simple histoire d'amour entre deux être humains. Factuellement, la "machine" reste une "machine", mais elle n'a pas vraiment ses particularités propre à son existence, elle pourrait très bien être une femme. (Dieu quelle femme idéale dans un premier temps, que la voix de Scarlette Johanson dont je ne suis pas un grand fan non plus incarne de manière proprement géniale.) La fin du film toutefois nous présente malgré tout, la spécificité de cette forme particulière de conscience, mais la transition est un peu rapide, l'évolution plus scénaristique qu'émotionnelle. Mais ce deuxième point est à relativiser, vis-à-vis du cliffhanger de fin, subtile. Celui-ci place l'ensemble de cette relation, l'ensemble du film, non pas sous la thématique des rapports entre un homme et une conscience artificielle, mais sous celle du deuil des relations qui s'achèvent. Le héros déprime avec un divorce qu'il vit mal, comment faire le deuil d'une relation où l'on s'est impliqué, qui a tant compté. C'est ce qui rend ce film d'autant plus intéressant. De manière différente puisqu'il double la relation, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à l'un de mes films préférés qui porte aussi toute cette problématique en lui "500 Days of summer".
Peut-être cependant est-il dommage que cette transition, ce décalage du sens, se fasse un peu rapidement et d'une manière trop marquée, soudaine, dans le dernier temps du film.
En conclusion, je ne peux que recommander ce film, c'est tout ce que j'aime au cinéma, tout ce que j'aime dans les arts, tout ce que j'aime dans l'humanité. J'aimerais voir plus de films qui nous rappellent si bien et nous recentrent autant sur le but de la vie comme je le conçois, la perpétuelle recherche de la joie et du bonheur au quotidien.