Voilà un vrai film à concept. Et tellement conceptuel que ça lui a coûté cher. Soyons francs : le film a fait un gros bide. En France, il est à peine resté une semaine à l'affiche.... Mais alors pourquoi ?

Sans doute parce qu'on est dans une époque où, même avec un casting en béton armé (Tom Hanks et Robin Wright, c’est pas rien) et un réalisateur de légende à la barre (Zemeckis, c’est quand même Retour vers le futur et Forrest Gump), si le film semble « trop intello », il se retrouve bloqué. Et c’est ce qui est arrivé à Here. Pourtant, des films comme celui-ci, on n’en voit pas tous les quatre matins. C’est un véritable ovni : un projet ambitieux qui a réuni de grandes stars, mais qu’on a ensuite presque refusé de montrer. On dirait que ceux qui ont dit « oui » à sa création ont fini par dire « non » à sa diffusion.


Mais parlons du film. Here propose une idée géniale : raconter l’histoire d’une maison à travers les époques, en restant dans une seule pièce – le salon – et en capturant des bouts de vie au même endroit, au fil du temps. La caméra ne bouge pas, elle est posée comme un témoin silencieux, et tout se passe sous nos yeux. Franchement, c’est brillant.

Je sais pas si vous vous êtes déjà demandés, en emménageant quelque part, quelles vies avaient été vécues là avant nous ? Qui a pleuré, ri, aimé, perdu quelqu’un, ou vu un enfant naître dans cet espace qu’on appelle aujourd’hui « chez soi » ? C’est exactement ce que le film explore.

Seulement, je dois admettre que je n’ai pas été emballée comme j’aurais aimé l’être. Dans l’exécution… c’est chargé. Le problème, c’est qu’en voulant remonter jusqu’à l’aube des temps (littéralement, on parle des dinosaures ici), Here devient un peu indigeste. On suit tellement de familles, tellement de moments, que ça finit par être trop. Et forcément, pour qu’on s’attache aux personnages, il faut du temps. Alors les scénaristes font des choix : ils développent plus certaines histoires que d’autres, mais sans vraie logique.

Résultat, il y a des passages où tu ne comprends pas bien le lien entre ce qui se passe à une époque et ce qui se passe à une autre. Exemple : en pleine scène hyper tendue entre Tom Hanks et Robin Wright, pouf, on te balance une petite scènette au temps des Indiens. Pourquoi ? Mystère.

Et la mise en scène… il y a de bonnes idées, mais ça reste un peu superficiel. Le choix de poser la caméra dans le salon, face à la baie vitrée, rappelle un dispositif théâtral. Cependant, ce cadre rigide empêche une véritable exploration spatiale (aucun usage du hors-champ). Les personnages agissent et se déplacent comme s’ils savaient qu’ils sont observés, ce qui casse un peu la spontanéité.

Par exemple, la scène finale. Tom Hanks place deux chaises devant la caméra pour un moment clé. Puis, pour la première fois, la caméra bouge (oui, enfin !), et on découvre une autre partie du salon. Et là, tu te rends compte que les chaises sont mal placées : elles donnent presque sur le couloir et la cuisine, alors que tout ce qu’ils évoquent – leurs souvenirs, leurs émotions – se trouve derrière eux. Du coup, Robin Wright est obligée de se contorsionner pour regarder en arrière, et ça gâche un moment qui aurait dû être puissant.

Côté visuel, ils ont utilisé de l’intelligence artificielle pour recréer certaines transitions et effets. Mais franchement, ça reste perfectible. À l’écran, on dirait parfois un filtre Instagram un peu sophistiqué. Pas vraiment de quoi révolutionner le genre.


Alors, verdict ? En conclusion, Here est un film avec une idée géniale, mais qui manque de souffle. Trop dense, trop calculé, pas assez touchant. Est-ce pour ça qu’il a été un échec au box-office ? Sans doute en partie. Mais malgré tout, il mérite qu’on le voie, juste pour son audace. On ne peut pas dire ça de beaucoup de films aujourd’hui.

LoloPalmer
6
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le 19 nov. 2024

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LoloPalmer

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