Comme les brandons dans l'obscurité.
Récemment, en tractant, j'ai fait la rencontre d'un homme qui s'est peu à peu révélé être un témoin de Jéhovah. Nous avons exposé nos points de vue. Par exemple, moi avant d'être communiste révolutionnaire, j'apprenais la Bible comme lui. Et lui a dit que Dieu pourvoyait à tout et que notre libre-arbitre s'exprimait dans la mesure de sa volonté. Nous avons discuté les yeux dans les yeux pendant une heure. D'un côté, nous avions les forces de l'invisible. De l'autre, les solutions en marche. Mysticisme et matérialisme.
Et pourtant ! En lui faisant entendre que le communisme est un humanisme, je touchais à un point sensible et riche dans ma pensée : et si, malgré moi, j'accomplissais la voie de Dieu ? Et si mon christ était celui qui luttait matériellement et violemment contre les marchands du temple ? Et si j'étais en attente d'une réponse de l'invisible Amour - une sorte de passe-droit - pour que cette société se fonde en accord avec tous et pour tous ?
Lui me dit : "Vous ne pourrez pas empêcher que Dieu vous aime."
Moi : "Peut-être bien mais les absents ont toujours tort."
Le lendemain, je rencontre une autre personne sur internet cette fois. Elle me rappelle en mémoire cet entretien que j'ai eu.
Et puis, une nuit, à 00h25, "Holybus" passe. Alors qu'à cette heure-là, j'éteins la télé... ou je ne regarde pas la suite des programmes. D'emblée, je me suis dit que ça allait être un truc comme Jesus Camp, à vomir tellement ils sont dans l'autocomplaisance de leur Dieu, dans un narcissisme puant.
Bon, ici, on retrouve ce narcissisme avec ce hobo-road-movie, ce tour en camping-car destiné aux pauvres : je fais honneur et gloire au seigneur puisqu'il s'exprime au travers de mes gestes ; mes gestes, je les dédie aux pauvres... Autrement dit, je suis la voix du seigneur...
Personnellement, je ne trouve rien de plus prétentieux que de subir ça et si un tel geste m'était destiné, j'expliquerai - calmement j'espère - pourquoi je le refuse.
Au-delà de l'aspect moral de mon jugement, il y a aussi l'aspect "technique" : traite-t-on des causes de la misère dans ce film ? Non, naturellement. Ce sont les effets, les symptômes qui sont traités. Même si l'invitation à la religion peut changer considérablement les choses, il y a de fortes probabilités que la condition sociale détermine l'avenir... et non la foi dans le christ.
Toutefois, ce film met en relief deux modes de vie opposés, qui s'animent et qui s'aiment à contre-courant. Romain, sa femme et ses enfants remplissent une tâche que je salue, même si je suis opposé à ses intentions, la finalité est la même : il est bon de dédier sa vie aux pauvres - excepté que je pense que je n'ai aucun intérêt à ce qu'ils le demeurent.
Ce documentaire est très beau, il exprime fidèlement la foi, le questionnement, l'expérience recherchée.
J'ai non seulement du respect mais je me souhaite aussi la même intensité dans la lutte, de sorte à ce que les travailleurs retrouvent leur amour, leur flamme pour embraser l'or qui leur tourne autour.