Un film surprenant et intelligent, qui nous propulse dans la peau de son héroïne. Excellent!
La trilogie de Suzanne Collins, à peine parue (le premier roman est paru en 2008), fait déjà l'objet d'une adaptation cinématographique. L'événement peut s'expliquer facilement par la demande de nouvelles franchises pour adolescents, suite à la fin de la saga "Harry Potter" et bientôt, celle de "Twilight". Parmi les potentiels successeurs, c'est donc "Hunger Games" qui a été choisi. Beaucoup de personnes comparent d'ailleurs "The Hunger Games" à "Twilight", bien que l'univers et l'histoire soient totalement différents. Le plus grand point commun est sans doute le côté romantique des deux histoires, mais il serait plus correct de décrire "The Hunger Games" comme étant une sorte de "Battle Royale" ou de "Running Man" adapté version 'héroïc-fantasy'.
L'histoire se situe dans une Amérique du Nord futuriste avec la nation de Panem, divisée en douze districts. Très conservatrice et impitoyable, la capitale de cette nation oblige chaque districts de lui livrer un garçon et une fille chaque année, afin qu'ils participent aux "Hunger Games", genre de concours situé dans une forêt où les jeunes doivent s'entretuer jusqu'à ce que le dernier survivant soit proclamé vainqueur. Ces jeux sont en réalité un moyen utilisé par la capitale pour garder contrôle sur les 12 districts en leur suscitant la terreur. Tous les événements du jeu sont filmés par des caméras qui retransmettent les vidéos dans toute la nation.
Le film – il faut le dire – bénéficie d'un plus grand sérieux que son homologue vampiresque façon soap opera pour petites filles et adolescentes, notamment grâce à un côté "violence" plus sérieux et, du coup, plus dramatique et réaliste. L'histoire est d'ailleurs beaucoup mieux construite. Suzanne Collins a combiné l'aspect télé-réalité avec le mythe de "Thésée et le Minotaure" dont l'auteuse s'est ouvertement inspirée. Son personnage principal est Katniss, une jeune adolescente de 16 ans correspondant parfaitement à cette image de la 'femme forte et mûre', qui va se porter volontaire à la place de sa jeune soeur pour participer au jeu. C'est l'excellente Jennifer Lawrence, vue dernièrement dans "X-Men: First Class", qui interprète le rôle.
Cependant, malgré tout cet aspect de "la société futuriste" fort intéressant à exploiter, le sujet est un petit peu délaissé, ne nous apportant au final pas tant d'informations ou de réflexions que ça, ce qui fait que la toute dernière scène avant les crédits de fin manque de perfection. Ce qui est parfaitement bien montré, par contre, c'est le message d'amour et de liberté que Katniss va faire passer aux membres de la nation de Panem, à travers les vidéos des Hunger Games, et par la même occasion aux spectateurs. Le film est touchant et fabuleux pour la simple et bonne raison qu'il nous décrit parfaitement les sentiments éprouvés par Katniss du début jusqu'à la fin du film.
Rares sont les films qui peuvent retransmettre si bien ce que leur personnage principal ressent. Le jeu d'actrice de Jennifer Lawrence et celui des autres personnages sont certes très bons, mais ce sont tous les éléments techniques du film mis ensemble qui renforcent encore plus l'expérience du spectateur, se montrant bien plus efficace que la 3D prêchée par Cameron ou que d'inombrables effets spéciaux nous en mettant plein la vue. C'est grâce à des films comme "Hunger Games" que nous découvrons que le cinéma (et particulièrement les blockbusters) n'a pas nécessairement besoin de beaucoup de nouvelles technologies pour faire passer des sentiments et intéresser.
Le début du film enchaîne gros plans et scènes avec caméra épaule assez dérangeants façon frères Dardenne pour nous présenter une Katniss en mode "Rosetta" dans son douzième district peu attractif. Puis arrive la sélection fatidique des deux jeunes tributs de l'année: sons graves et faibles, accompagnés d'une musique stressante composée par un James Newton Howard très inspiré. La même sensation de malaise, de nervosité et de peur mélangés se répète plus tard dans le film, alors que les Hunger Games sont sur le point de commencer, au moment ou le minuteur au tempo stressant atteindra "0". C'est cette combinaison images-sons-musiques qui, en plus du jeu d'acteur, nous fait pénétrer totalement dans la peau de Katniss, tout au long des deux heures et vingt minutes de film, et ce malgré quelque longueurs et le passage un peu brutal de plans mouvementés à plans fixes.
La plus grande partie du film, évidemment, se passe dans la forêt, une fois que le jeu a été lancé. C'est à partir de ce moment là que l'action du film commence réellement, que le stress augmente encore plus, et que les personnages évoluent. La combinaison de violence et de romance se montre assez convainquante, notamment parce qu'il s'agit de deux éléments logiques pour illustrer le message du film: Katniss n'a pas un esprit violent, pas plus de celui qui l'aime, et c'est pourquoi les deux jeunes vont devoir mener une lutte contre cette violence pour que paix, liberté et amour reignent.
C'est donc un film très fort en émotions et en messages que le réalisateur Gary Ross nous offre là. Jennifer Lawrence est loin d'être l'unique bonne actrice du film. Dans le rôle de son amant, Josh Hutcherson fait également des merveilles, de même que toute l'équipe du casting, depuis Woody Harrelson jusqu'à Donald Sutherland, en passant par Elizabeth Banks, Lenny Kravitz ou encore Liam Hemsworth. Il est également intéressant de remarquer que Steven Soderbergh, réalisateur de la saga des "Ocean's", s'est occupé de la direction de la seconde équipe, afin de prêter main forte à son ami Gary Ross. Le film est ainsi donc un excellent film qui mérite beaucoup mieux que la saga "Twilight".