Le point de départ de I care a lot était intriguant et moderne. Avec le vieillissement de la population nulle doute que ce type d’arnaque doit déjà fleurir. J Blakeson met en scène une arnaqueuse choc et sans scrupule qui va s’attaquer à la mauvaise personne et en subir les conséquences.
Mais du début à la fin le film manque profondément de crédibilité et d'empathie. Tout est trop facile pour Marla que ce soit son arnaque qui a l'air de fonctionner étrangement à tous les coups, ses démêlées avec la mafia, sa soudaine « badasserie » ou encore le final — en fait rien n'est crédible que ce soit les grandes lignes ou le les petits détails (quand on est en cavale comment est-ce qu'on arrive à avoir un super petit-déjeuner sur sa table ??).
Alors oui c’est vrai, le personnage de femme forte et indépendante de Rosamund Pike est en soi original. Ça change et ça fait du bien. Mais ça ne fait pas un bon film pour autant. Marla est présentée dès le début comme un personnage détestable, et le film n’ira jamais sur les terres de l’ironie anglaise qui aurait pu nous la rendre à minima sympathique. Le film n’assume pas entièrement son humour noir et ses excès s’accommodent mal des velléités morales saupoudrées ici ou là. I care a lot ne sait pas trop sur quel pied danser et préfère un affrontement physique si américain là où son personnage présentait au début un intellect diablement calculateur et savoureux.
On n’éprouve donc simplement aucun intérêt pour ses déboires et on se fiche totalement si elle s'en sort ou non. Mon indifférence ne vient pas tant du fait de son immoralité que de l’abandon du terrain de la force intellectuelle au profit de la force physique. Mais aussi de l’abandon d’un sujet sociétal glaçant pour un film d’action basique.