Avant de parler de film en lui-même, je pense qu'il est intéressant de le placer dans son contexte.
Dans l'après-Guerre, la télévision a fait son apparition dans les ménages. Et elle a fait des ravages.
Alors qu'il n'existait pas d'autre moyen de voir son film préféré que d'aller au cinéma jusque-là, tout d'un coup il était possible d'avoir le cinéma à domicile en regardant son petit écran. Les salles obscures ont alors commencé à se dépeupler.
Le cinéma se devait de se renouveler pour garder sa clientèle (voilà qui peut nous rappeler les temps actuels avec les cinémas obligés de privilégier la 3D, les sièges dynamiques, les multiples sources sonores, etc. pour justifier l'expérience unique de la salle de cinéma). Le CinemaScope permit alors de sauver la mise. En effet, ce format d'image très large reléguait le téléviseur au placard. L'écran étant déjà petit à la base, et au format 4/3 utilisé jusque là, le téléspectateur perdait encore près de la moitié de la surface de l'écran avec les bandes noires. Il devenait alors nécessaire d'aller au cinéma pour voir un film dans des conditions correctes.
Un genre particulièrement propice au cinémascope et populaire à l'époque était le western. Le western aime contempler les vastes étendues de l'Ouest américain, et le format large d'image rend très bien la beauté des paysages. Il était une fois dans l'Ouest est justement un des films populaires de l'époque qui a contribué à garder la clientèle des cinémas. En regardant ce film, j'ai donc observé un pan de l'histoire du cinéma, qui a permis de le sauver.
Si le film était sorti aujourd'hui, je pense pourtant qu'il aurait fait un bide. La séquence d'ouverture (pourtant jugée excellente sur le sondage de ce site, mais c'est à se demander si c'est ironique!) serait à même de faire fuir une majorité de spectateurs. Sergio Leone s'amuse à prolonger un vide qui devient une éternité et se donne du mal pour être sûr qu'il ne se passe rien du tout pendant 10 bonnes minutes!
Si on a eu le courage de s'accrocher et de quand même regarder la suite, on peut commencer à voir l'intrigue se construire tout en douceur, les personnages sont patiemment construits. En 3h de film, il se passe moins de choses que dans un film traditionnel de 90 minutes. Le film est hyper contemplatif, et s'attarde plus que jamais sur les visages des personnages, et en particulier sur le visage pourtant inexpressif de Charles Bronson. C'est également très caricatural, avec un scénario parfois alambiqué.
Au vu des notes reçues, j'imagine aisément que le statut de film culte pousse à pardonner ces défauts pourtant énormes. Je ne peux quand même pas dire que j'ai pris mon pied devant ce festival de contemplation. Malgré tout, le film garde une certaine sympathie, grâce notamment à la beauté de Claudia Cardinale, mais avant tout à la composition légendaire de Morricone qui sauve le film à elle seule.
A voir si vous êtes prêts à vous accrocher à ce film stéréotypé et poussant à l'extrême la lenteur, mais en tout cas pas si vous êtes fatigués!