N'étant affilié à aucun réseau social (à part ici cela va sans dire) j'ai déjà un avis tranché et critique sur ces pratiques solitaires qui se voudraient conviviales, où l'amitié se confond avec un voyeurisme mêlé d'exhibitionnisme. Je reçois donc avec un certain plaisir ce film qui vient souligner quelques facettes perverses qui en découlent.

L'aspect édulcoré de l'affiche qui semble cibler les adolescentes et de l'univers qui nous est présenté cachent en fait quelque chose de beaucoup plus sombre: Ingrid qui vient de se griller avec son réseau d'amis est atteinte d'une psychose contemporaine aiguë qui mêle addiction, aliénation, mensonge et maladresse s’immisçant dans le monde artificiel et guindé de Taylor, une influenceuse à succès.

Se donnant l'impression de tirer les ficelles, la protagoniste va s'enfoncer à coups de trahison jusqu'à la rupture et une remise en question qu'on comprendra très superficielle en conclusion.

Le film nous dépeint cette psychose et insiste sur le fait qu'elle est normalisée puisqu'elle fini en source de succès, nous laissant présager de l'absence totale de leçon qu'Ingrid a pu en tirer et sa replongée dans le mème type de délire. Normalisée parce que le concept de "réseau social" est intimement lié à ce type de dérive qui a inévitablement cours en réalité. Taylor qui incarne la réussite a vraisemblablement aussi dû se faire sa place sans lésiner sur les bassesses, ment aussi à tour de bras.

Plus que de se limiter aux réseaux sociaux, c'est tout un mode de pensée qui suinte de Hollywood depuis bien longtemps avant nos connections à internet: le bluff, le mensonge, le non-dit comme source de réussite à condition de savoir bien protéger ses arrières, à défaut de quoi la chute sera brutale. Philosophie qui a réussi à se faire une place d'honneur dans les sociétés occidentales, tant elles ont été biberonnées par Hollywood.

Les personnages sont bien campés et le rythme soutenu, la musique vient souvent souligner l'aspect dramatique de situations qui pourraient sembler heureuses, comme ce faut happy-end.

On n'est pas très loin d'un épisode de Black mirrors qui se passe ici de science-fiction.

tobor
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le 25 juil. 2024

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tobor

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