Izo
5.8
Izo

Film de Takashi Miike (2004)

Attention SPOILER !!

Que dire de ce film ? Un genre à lui tout seul, le Chanbara inter-temporel. Tenter de l'analyser relève du défit et après un visionnage se serait vain et prétentieux. Pour moi regarder ce film a été comme un viol cinématographique. Le film n'est pas mauvais mais difficilement supportable de tenir d'un coup les 2H15. Pourtant, ichi the killer m'avait moins touché pour ce qui est de la violence. Car ici la violence n'est pas que visuelle, elle est aussi psychologique et émotionnelle.

L'histoire n'est pas un secret : Izo est un asssasin dans le Japon féodal et après avoir été capturé et torturé il est crucifié et salement tué. Habité par la haine, il est renvoyé dans le monde moderne pour libérer sa haine vengeresse envers la race humaine.
Résumé : Izo va buter, sur son passage, tout ce qui respire jusqu'a plus soif.

Ce film est insupportable car Izo est absurde. Un dialogue dans le film donne un bon résumé de ce qu'il est :

- Qui est Izo ?
- « Qui » est simplement un esprit vengeur.
- « Qui » est une existence qui va contre nous l'aristocratie.
- « Qui » est une rupture inconnue dans le système qui apparaît occasionnellement.
[...]
- Izo fait partie de ce qui est inacceptable.
- Izo est un non sens dégoûtant.

Izo est un personnage absurde, violent, vengeur, dévoré par la haine et souhaitant semé la mort. Il n'y a pas d'explications à son comportement, à part la vengeance. Certains disent qu'il veut se venger des descendants de ses bourreaux mais le film est plus complexe. Le propos rejoint l'image du yin et du yang, l'existence de l'imperfection est la preuve de l'existence de la perfection. En d'autres termes, pour que le bien existe, le mal absolu doit exister. Il doit être absurde et sans pitié. Il y a un coté très manichéen dans tout ça. Parce qu'au final, le film ne s'axe que sur ce mal absolu et ne montre pas un bien absolu. Même les hommes qu'ils tuent ne sont pas "bons", ils sont aussi mauvais que lui.

Mais ils incarnent la société Japonaise, Izo détruit le système éducatif, l'armée, le système judiciaire, les institutions religieuses. Comme une sorte de Châtiment il s'abat sur les fondamentaux du Japon pour les punir de leurs déviances. Miike prophète ? miike rebelle pré pubère ?

Izo est nihiliste, personne ne peut le tuer car l'essence même de sa vie est sa haine tant que son coeur sera inondé de haine, il sera immortel. Rien ne peut l'atteindre. Et finalement lorsqu'il tue ce "roi", il a vaincu le système, il n'a plus personne à haïr et n'a donc plus de raison de vivre. Alors, Il disparaît. Et finalement, sa réincarnation à la fin représente ce cycle infini qu'est celui de la vie. Car encore et toujours Izo est nécessaire, il est le condensé de toutes les peurs d'une société qui s'abat sur le monde.

Entre ces tueries, quelques dialogues et des chansons interprétés par le chanteur acid folk Kazuki Tomokawa. Donnant un peu de repos et de douceur, il me fait un peu penser a Tom Waits dans sa façon de chanter parfois.

La mise en scène est parfaite, Miike joue avec l'espace et le temps avec une grande classe et une grande aisance. Mais c'est là qu'est le problème.
Le film est un condensé de violence et de détails. Rien que les 10 premières minutes sont surchargées en informations visuelles pouvant mener à la limite du dégoût. L'histoire n'est pas linéaire, les scènes de tuerie s'enchaînent et Izo est transporté aux quatre coins du Japon à toutes les périodes, dans tout les sens. C'est vraiment un gros bordel mais un gros bordel bien ordonné pour Miike. Quelle scène appartient au présent, au passé ou au future ? Qu'est ce qui est vrai ? Qu'est ce qui est faux ?

Le film est donc très lourd à regarder, et au final trop long pour pouvoir intéresser le spectateur. Tout comme le message qu'il veut faire passer, il est intéressant mais la forme est trop alambiquée. Je pense que beaucoup de personne abandonneront avant la fin et je ne leurs en voudrait pas. Moi-même la première fois je n'ai pas dépassé une heure de film.

Izo est élitiste. Izo est prétentieux. Miike sait qu'il aura autant de détracteurs que d'admirateurs. Il est dans son trip et se fait plaisir.
Même si le film a été une souffrance par moment il reste pour moi une expérience que tout amateur de cinéma devrait vivre, au moins par curiosité. Et même si le film à beaucoup de défauts, je ne peux m'empêcher d'admirer la démarche jusqu'auboutiste de Miike. Autant de droiture et de bonne volonté ça force le respect tout de même.
CREAM

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