Le Jack Reacher du premier opus cassait des bras, déplaçait des mâchoires, brisait des nuques et avait une fâcheuse tendance à gagner des combats à 1 contre 18, dans le bars, dans la rue…à peu près partout, en fait. Si le scénario était on ne peut plus basique, le tout était du pur entertainment « neurones en sommeil » qui se laissait regarder sans déplaisir, partant du principe qu’on n’en attendait pas grand-chose. Plaisir coupable par excellence. Avec des personnages too much par paquets. Pourquoi, donc, ne pas faire de ce succès initial une franchise cinématographique? Banco!
Jack n’a pas fondamentalement changé. Il défie toujours toute forme d’autorité. Il se sort toujours aussi bien de situations inextricables. Mais ce qui frappe plus que tout, c’est qu’il parcourt cette histoire avec son air… impassible. Impossible (sic) dès lors de stimuler la moindre identification ou la moindre empathie pour un personnage dont les motivations restent obscures, si toutefois elles existent.
Jack décide de sortir du pétrin son ancienne chef d’unité, injustement arrêtée. Jack semble épris de celle-ci, mais a du mal à exprimer cette attirance d’une quelconque manière. On menace Jack de s’en prendre à sa soi-disant fille, qu’il n’a jamais connue ? Il la retrouve – forcément - car Jack est hyper doué. Mais quand il s’agit de communiquer avec cette dernière, ça se complique. Pas une question sur son passé, son présent, pas une once d’intérêt pour la potentielle relation qu’ils pourraient construire ensemble et les moyens de rattraper le temps perdu. Se pose alors la question clé : l’émotion est-elle supportée par système d’exploitation de la machine Jack Reacher ? Ironie du sort, la réponse est en partie dévoilée dans les conversations entre Jack et sa prétendue fille. Celle-ci semble le décoder sans mal, et, fort à propos, lui assène quelques répliques aussi limpides que cinglantes: « tu me ferais presque peur » ou « je vois sur ton visage que tu es en colère » balance-t-elle, sans crainte mais non sans malice, à son possible mais impassible géniteur.
Dès lors, Tommy doit compenser l’aridité des sentiments – volontaire ou subie – par sa capacité à assurer les spectacle et la baston. Tommy se met torse nu, Tommy court longtemps et vite, avec ses petits bras bien en mouvement le long du corps. Tommy met quelques mandales. Tommy fait le job. Mais par intermittence.
L’action n’est en effet pas omniprésente dans la deuxième partie, et on se désintéresse donc facilement et rapidement de la quête de Jack et de ses éventuels tourments. On est à peine réveillé par l’incohérence du personnage de la fille (l’est-elle vraiment ?) de Jack. Tour à tour plutôt maligne, et fondamentalement stupide, elle décuple le côté nonsensique de l’aventure d’un trio très mal accordé. On est ensuite estomaqué par l’arrivée saugrenue d’une discussion à bâtons rompus sur la place de la femme dans le couple et les rôles respectifs des parents dans l’éducation des enfants. Mais bon, après tout, qui nous dit que ce genre de mise aux points n’est pas indispensable quand le trio infernal doit échapper au bad guy de l’histoire? Car ce dernier est vraisemblablement doté du don d’ubiquité (magie du scénario) et, selon ses dires, en a terrassé des bien plus coriaces que Jack. Donc autant prendre quelques précautions!
Fatalement, nos deux héros vont bien devoir en découdre à un moment ou un autre…et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’affrontement sera à la hauteur du script.
L’affrontement final - dont je tairai l’issue – passé, et au détour d’un des derniers plans de ce grand huit émotionnel, Tommy nous gratifie d’un sourire ultra bright aussi brutal qu’inexplicable. Comprenne qui pourra.
Conclusion : méfiez-vous des gens inexpressifs!