"Jodorowsky's Dune" c'est un documentaire qui, au lieu d'éclaircir son sujet, le mystifie encore un peu plus et son sujet, parlons en !
Car dans cette salle de cinéma, c'est désormais le plus grand chef d'oeuvre de l'histoire de la science-fiction mais seulement parce que c'en est aussi le plus grand échec.
En partant, vous aurez du mal à croire que le "Dune" d'Alejandro Jodorowsky n'est jamais sorti sur nos écrans et si vous ne l'avez jamais lu, vous voudrez lire le roman original.
Même sans être amateur de science-fiction, vous allez être frustré à l'idée de ne jamais pouvoir regarder ce que l'on vous vend comme le chef d'oeuvre des années 70, je ne connaissais absolument pas le projet et son histoire avant la séance mais ma seule envie en sortant c'était d'en savoir plus et l'espoir qu'un jour, quelqu'un récupérera ce manuscrit pour achever le travail d'une vie.
À la limite du fantaisiste, Jodo accompagnée de sa "folie" nous raconte l'histoire de sa version de "Dune", comment il a remanié le roman de Frank Herbert, comment il a contacté et rencontré chacun des ses collaborateurs tout en ajoutant à chaque anecdote sa petite touche personnelle qui rend le tout presque magique, son charisme est certain et son talent pour narrer une histoire l'est encore plus, il nous sème entre ce qui s'est réellement passé et ce qu'il embellit, voir, rend abracadabrant.
Si plus haut je parle "du travail d'une vie" c'est dû à cette sensation que l'on ne vous dit pas tout et que ce que l'on ne nous dit pas a rongé Jodo pendant sa vie entière, le temps consacré à ce projet, le travail fourni, l'argent dans le vent pour au final en sortir seulement un script ? J'ai le sentiment qu'il y avait quelque chose d'autre, au-delà des éventuels problèmes techniques et/ou du manque de technologie pour les effets spéciaux.
Si Alejandro Jodorowsky n'a pas réalisé de long-métrage pendant 23ans après un échec pareil est-ce une coïncidence ? Je ne pense pas qu'une série de bandes dessinées lui ai suffit surtout quand son objectif principal était de changer les mentalités (et accessoirement de retranscrire les effets du LSD), la bd restant assez limitée quant à ces objectifs, de par sa forme mais aussi par son public qui n'est pas aussi large et varié que celui du cinéma.
Donnez une chance à ce documentaire, celle que la version de "Dune" par Jodorowsky n'a pas eu, vivez le fantasme et l'illusion de son créateur.
Pendant 1h30, Jodo deviendra le grand-père idéal, celui qui vous raconte des histoires près du feu, celui dont vous buvez les paroles avec des étoiles dans les yeux et qui vous rassurera en vous disant : "Échouer c'est seulement changer de direction."