C'était l'un des films les plus attendus de cette année 2024 et j'ai malheureusement l'impression qu'il n'a pas été au goût de tout le monde. Inconsciemment, la comparaison entre le premier film et le second ne peut pas être évitée. Mais je pense que pour apprécier et voir les qualités du film, il ne faut pas voir Joker : Folie à deux comme une suite mais comme un film indépendant, car il s'agit ici d'une toute autre proposition.
En 2024, je trouve que nous sommes encore plus présent dans la tête de Joker. Sa folie devient notre folie, à tel point que l'on finit presque par pardonner son geste.
L'immersion est totale ; pendant 2 heures, l'atmosphère est pesante, effrayante avec un fond de violoncelle. Cette mélodie, issue de la scène "the bathroom dance" dans le premier volet, est extraordinaire et joue un personnage à part entière. D'ailleurs cette musique est loin d'être la seule du film.
Il faut être prévenu ; Joker : Folie à deux est une comédie musicale. J'imagine que cela est la cause principale d'un avis divisé auprès des spectateurs. De mon point de vue, cela ne m'a pas dérangé et cela m'a même beaucoup plu. Portées par le duo Phoenix-Gaga, certaines musiques m'ont touché, notamment la reprise de "Ne me quitte pas" de Jacques Brel. Malheureusement, malgré ses talents d'actrices remarquables, Lady Gaga donne comme l'impression d'avoir été casté uniquement pour sa jolie voix. Je trouve qu'avec le personnage d'Harley, Todd Philipps n'a pas permis à Lady Gaga de s'exprimer davantage et nous laisse un peu sur notre faim.
Joaquin Phoenix quant à lui, nous surprend encore et nous coupe le souffle. Sa prestation est magistrale, grandiose, exactement comme en 2019. Cette année, nous retrouvons un certain nombre d'éléments déjà présents il y a 5 ans, principalement au niveau de la photographie. Le film est impressionnant pour sa direction esthétique qui transforme des scènes de véritables peintures. Les plans grâce à la lumière, la fumée de cigarette, les jeux de contraste et de couleur, deviennent des objets d'art.
L'art se mêle ainsi au réel, par une dénonciation du système judiciaire et carcéral. La fin, à laquelle on ne s'attend pas, a été écrite pour nous ramener dans le vrai monde. Comme je l'évoquais précédemment, le spectateur parvient à comprendre et presque à pardonner les crimes de Joker. Quand on y pense, Todd Phillips nous transforme en avocat du diable. Ainsi, malgré sa folie, Joker ne peut rester impunissable des crimes qu'il a commis. C'est pourquoi je trouve cette fin nécessaire et juste.
Malgré l'effort d'essayer de ne pas comparer les deux films, Joker 1 reste un chef d'œuvre que la folie à deux ne parvient pas à dépasser, même à égaliser.
Je reste cependant conquise du travail de Todd Phillips et de cette seconde proposition qui me restera en tête, au même titre que ce rire si particulier qu'il ne peut s'oublier.