"I'm a mother fucking T-Rex !"
Nous y voilà grand classique. Je t'ai raté plus jeune, j'ai cependant vu certaines images qui me sont restées en tête et je me suis consolé avec ta suite, sympathique mais moins mémorable assurément. Privilégiant la télévision aux autres moyens moins... légaux, j'ai attendu que les chaines de la TNT te programment un lundi soir pour rattraper cet inacceptable retard. Et donc ?
Tu es génial bon sang.
Pour moi ça porte presque au génie. Tu es un film de Spielberg, un blockbuster comme il faut, tu aurais pu être juste un simple film de dinosaures comme l'ont été... tes suites justement. Mais l'ami Steven a clairement oublié d'être con au moment de se pencher sur l'adaptation du livre de Michael Crichton.
Déjà ce dernier a participé à ton écriture, histoire de s'assurer que tout se passe bien (bien que tu t'éloignes beaucoup de l'opuscule paraît-il, je ne l'ai pas encore lu). Cela se sent avec tes personnages qui ne sont peut-être pas les plus profonds du Monde (perdu, lol), mais tous attachants dans leur genre, qui nous font rire à plus d'une reprise, y compris dans des moments graves. Le "Putain j'en ai marre d'avoir toujours raison" de Malcolm est juste épique alors qu'il arrive lors d'un gros moment d'angoisse par exemple, et quel moment, j'y reviendrais. De plus, au delà du capital sympathie, ces personnages ont, eux aussi, un cerveau en état de marche, la meilleure démonstration reste la scène où chacun pose ses réserves sur ce projet totalement fou. Toute cette séquence est brillante car elle montre clairement qu'on a réfléchi à ton propos. Ainsi tu évites d'insulter l'intelligence des spectateurs.
Après, tu restes un film qui doit en mettre plein les yeux. Tu es sacrément gonflé mon grand. Non seulement tu as participé à l'émergence de ces effets numériques proprement sidérants pour l'époque (l'ami Cameron avant qu'il ne devienne qu'un Avatar de lui-même, avait déjà apporté sa patte avec Terminator 2) mais tu as beau avoir plus de 20 ans aujourd'hui, tu arrives encore à impressionner. Ton âge se voit certes mais il est suffisamment peu flagrant pour qu'on te pardonne volontiers ces quelques rides.
Bon sang, ce T-Rex a encore l'air vrai aujourd'hui, sans nul doute tu as dû convaincre quelques bambins que cette grosse bébête avait vraiment ressuscité grâce à toutes ces manipulations génétiques. Ce cri devenu iconique a dû bien aider aussi. Et comme tu savais qu'il serait la star du film, autant lui laisser le beau rôle sur la fin pour une séquence que ces enfants devenus jeunes adultes aujourd'hui adulent à se mettre debout sur leur siège et à hurler de plaisir.
Oui cher T-Rex, tu es survenu de nulle part alors que ta première apparition provoquait une tempête dans un verre d'eau, littéralement, cela porte à confusion. Et tant de gens seraient disposés à pointer du doigt toutes ces incohérences provoquées par cette renaissance de dinosaures évidemment fantaisiste ou, dans ce cas, décidées afin d'offrir du grand spectacle. Heureusement, à l'époque, on savait parfaitement où aller. Ce 'suspension of disbelief", ce facteur qui indique à quel moment le spectateur décide ou non de sortir du film selon son investissement, il est calibré au poil. Tu prends bien ton temps pour passer à l'action, tu présentes bien les personnages et surtout tu nous fais rêver.
Ah oui, je parlais de rêve... Bordel cette musique, mais putain quoi ! John Williams est un génie, je prêche des convertis je sais mais merde ! La première rencontre avec les dinosaures ne pouvait pas avoir meilleur thème sonore, j'en verserai presque une larme. Et tant qu'on parle du facteur sonore, tu as de la chance d'être né dans les années 90, ton doublage français est assez bon pour ne pas fâcher les puristes. En même temps tu te permets d'avoir Richard Darbois qui permet de passer outre les fameux "hum" de Jeff Goldblum, pour quelques minutes Pierre Hatet en Mr ADN et juste quelques secondes Roger Carel qui s'invite en voix robotique de leur voiture et qui nous souhaite la bienvenue dans le parc. Un orgasme auditif.
Oui tu as des problèmes, oui ton impact est peut-être moins grand aujourd'hui, je ne saurais pas te classer parmi mes films préférés (mais tout ceci est fort subjectif et ne concerne pas que la qualité intrinsèque) mais tu es si plaisant à regarder que je te pardonne tout, ce qu'ont fait des millions de gens avant moi. Dieu te bénisse Jurassic Park.