On savait que l'année 2015 allait faire du bruit côté box-office mondial. Plusieurs blockbusters très attendus sortent cette année-là. Jurassic World est l'un d'eux et il n'est pas passé inaperçu. En 13 jours seulement, il a atteint le milliard de dollars de recettes, ce qui est un record. Le film rencontre donc un gros succès populaire et cela peut en parti être expliqué par le fait que Jurassic World joue beaucoup sur la nostalgie suscitée par la saga Jurassic Park. Les fans, notamment ceux du tout premier opus réalisé par Steven Spielberg, reconnaîtront plusieurs clins d'œil, voire carrément des références à ce film. C'est plaisant à regarder mais cela implique aussi que Jurassic World ne parvient pas à trouver sa propre identité. Il recycle ce qui avait fonctionné il y a 20 ans de cela pour les remettre aujourd'hui. Il n'y a fondamentalement rien d'original dans ce quatrième opus. Tout ce qui est montré avait déjà été vu dans au moins l'un des trois précédents opus. Seul le parc en lui-même est nouveau mais son importance est très limitée dans le récit.
Jurassic World va même jusqu'à copier les précédents film. Il y a en effet deux enfants, deux frères que l'on suivra tout au long de l'histoire. C'était déjà le cas dans les 3 premiers volets de la saga où il y a toujours eu au moins un enfant dans le casting. Les scénaristes Rick Jaffa et Amanda Silver ont donc eu l'idée de faire pareil pour cette suite. Cependant, ces enfants, en plus d'être agaçants par moment dans leurs réactions, se révèlent assez peu utiles. De plus, tout le background construit autour d'eux n'est pas développé et n'apporte par conséquent rien au récit. Certaines pistes sont lancées mais elles avortent presque immédiatement. Ces deux enfants sont là uniquement car il y avait des enfants dans les autres opus, c'est tout. Il aurait probablement été préférable de concentrer le récit sur Owen Crady joué par Chris Pratt, qui est un personnage plus charismatique.
En parlant des personnages, on remarquera que plusieurs font très clichés. Du "geek" un peu maladroit au milliardaire inconscient en passant par le militaire méchant et stupide, tout y passe. Et le sort réservé à ces personnages est évidemment tout à fait prévisible. Néanmoins, le personnage de Bryce Dallas Howard est quant à lui un peu moins simpliste. Ce n'est pas la pauvre jeune femme en détresse qu'il faut sauver, mais une femme forte. Par contre, sa romance avec l'un des personnages est là encore inutile et est présente dans le scénario uniquement car c'est un archétype d'arc narratif.
Certaines analyses ont vu dans ce film une critique du public (autant celui du parc que ceux au cinéma) qui en demande toujours et qui ne sait plus se contenter de ce qu'il a. Une critique très appropriée à notre époque où les blockbusters américains essayent toujours d'être le plus spectaculaire possible. L'idée n'est pas idiote mais elle manque d'approfondissement dans le récit. En revanche, comme dans le tout premier opus, on peut voir dans ce film une opposition entre l'Homme, ses créations, et la Nature. Là encore, c'est copié de ce qui avait été fait auparavant, mais ça colle à l'esprit de la saga. Et c'est abordé avec un nouvel aspect, celui de se servir des dinosaures comme des armes. L'idée est un peu ridicule mais elle permet de relancer l'opposition entre Homme et Nature d'une manière un peu moins classique.
Jurassic World se laisse regarder et n'est pas si terrible que ça. Ce n'est pas particulièrement bien écrit, mais ce n'est pas désagréable. Le thème principal composé par John Williams fait même son petit effet (encore et toujours) lorsqu'il résonne pour la première fois. Le reste de la bande originale composée par Michael Giacchino est en revanche beaucoup moins marquant. Si ce nouvel opus manque autant de saveur, c'est aussi car la réalisation de Colin Trevorrow est plate et sans saveur. On ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir le génie de Steven Spielberg, mais on aurait aimé qu'il se montre un peu plus inventif tout de même. Seul le final est un peu plus spectaculaire, avec de mini plan-séquences plutôt bien gérés. On reste tout de même très loin du spectaculaire du premier Jurassic Park, de son réalisme et du véritable suspens qui en émane. Jurassic World essaye de recréer tout ça mais n'y parvient jamais.