Il aura fallu moins de quatre (!) mois à Perret, Ruffin et toutes les petites mains Fakiriennes pour tourner, monter, produire, distribuer ce film et le résultat est plutôt réjouissant.
Le film tire évidemment sa force des témoignages des Gilets Jaunes : recueillis sur le vif, ce ne sont pas les discours des porte-paroles du mouvement qui s’expriment, mais les tranches de vie de personnes anonymes, qui racontent leur souffrance dans le monde d’aujourd’hui.
En se rassemblant sur les ronds-points, le lien social entre ces personnes de plus en plus isolées se crée à nouveau et permet une libération de la parole. Ou plutôt : les Gilets Jaunes prennent la parole et cela en devient une force qui les fédère entre eux… et autour d’eux, pour ceux qui prennent le temps de les écouter parler. Mention spéciale à ce Gilet Jaune "pas facho mais" qui considère son nouveau compagnon de rond-point Khaled comme un frère.
Les témoignages les plus émouvants viennent des femmes. Parties intégrantes du mouvement, leur présence est certainement un des éléments clés pour comprendre le niveau de détresse majeure dans laquelle sont plongées ces familles.
Ce qui autrefois était raconté dans la honte est maintenant brandi haut et fort et jeté aux discours néo-libéraux dont Macron en est le symbole : faire les poubelles pour trouver à manger, aller au secours populaire, être écrasé par les dettes… Tout cela contraste évidemment avec le "pognon de dingue pour les aides sociales" et autres discours macronistes qui semblent bien éloignés de la réalité.
À côté de cela, Ruffin fait du Ruffin : il écoute, pose des questions et se met en scène. C’est peut-être le point noir du film, on aurait par exemple pu se passer de la séquence "moi président" de celui qui est cependant du bon côté des barricades.