Boogie Knights
Albert Pyun, dont le combo univers post-apo + Jean-Claude Van Damme sorti en 1989 sous le titre de Cyborg grava le nom dans le marbre de la légende du nanar, eut quelques années plus tard l'idée de...
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le 7 mars 2017
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Dans le futur, l’Apocalypse a un air de Mad Max avec moins de sable et plus de cables. Des tribus d’humains survivent comme ils peuvent, pourchassés par des cyborgs qui ont besoin de leur sang pour se ravitailler. Certains êtres humains préfèrent être asservis que risquer la confrontation. Néa est la dernière survivante de son clan. Secourue par l’androïde Gabriel, ce dernier va lui apprendre à survivre et lui révéler le plus grand des secrets des êtres de chairs et d’aciers : leur point faible.
Knights fait débat dans la communauté des grands décideurs de ce qui est un nanar ou ne l’est pas. Malgré la simplicité de son scénario, le film ne manque pas d’aspérités, de plus ou moins bonnes idées qui évitent de retrouver un copié-collé déjà vu ailleurs. Utiliser des cyborgs suceurs de sangs est en soi une idée intéressante, la poursuivre en les faisant utiliser l’homme comme bétail révèle aussi une dimension plus machiavélique mais pas idiote. Ce ne sont pas des créatures désorganisés, ils ont même crée une nouvelle forme de société. La civilisation la plus proche de la nôtre décrite dans le film est la leur, bien qu’esclavagiste, pas celle des humains.
Dans le sillage d’Alien, les films des années 1980 ont accordé une place croissante à des rôles de femmes fortes, capables de survivre à des vilains extraterrestres baveux ou à des cyborgs sanguinairement assoiffés. Néa est jouée par Kathy Long, cinq fois championne de monde de kick-boxing féminin, une femme qui en veut pour un personnage revendicatif. Le film ne lui laisse même pas une petite histoire d’amour. Non. Tout au plus une certaine complicité avec Gabriel dans leurs relations tout de même assez particulières.
Mais Knights est aussi un peu trop ambitieux dans ce qu’il veut proposer. Le film contient des parallèles mystico-religieux un peu gros : le grand méchant s’appelle Job, le cyborg gentil Gabriel, il y a un petit côté Ancien Testament dans la destinée de ces humains comparés aux Juifs et Néa en tant que sauveur. Ce n’est pas pleinement assumé. Mais ce saupoudrage mystique reste à la limite du supportable, on peut même dire qu’il participe à l’identité particulière du film.
On sent tout de même que Knights veut en dire trop. Des pistes sont lancées, des questions restent en suspens. La fin n’en est pas vraiment une, juste une étape. Il est évident qu’Albert Puyn, scénariste et réalisateur, en avait encore sous le coude, qu’il a crée un univers qu’il aurait aimé poursuivre. Tom Karnowski, producteur de longue date à ses côtés, lui a laissé une certaine liberté. Avec probablement la promesse d’une suite en cas de succès. Ce qui n’arrivera pas. Le film est donc un peu frustrant, puisque le scénario est d’une bête simplicité, mais il y a des éléments développés qui ne sont pas menés à une conclusion satisfaisante.
C’est d’autant plus gênant que le film, sous ses allures de série B, ne manque pas non plus de panache. C’est un panache parfois un peu kitsch, à l’image de quelques costumes, de certains effets spéciaux. Et d’autres éléments réussis, comme les prothèses cybernétiques. Mais c’est aussi une réalisation soignée, bien plus éloignée que le commun de ce genre, avec quelques recherches sur la photographie et des combats suffisamment bien chorégraphiés pour retenir l’attention. Il n’y même rien à redire sur l’action du film, assez vitaminée et bien rendue.
Il a déjà été question de Kathy Long qui incarne le rôle très physique de Néa. Elle partage l’affiche avec deux grands noms dans les seconds couteaux américains qui ont joué dans un sacret paquet de films, et des bons, avec Kris Kristofferson en tant que Gabriel et pour Job, Lance Henriksen. Tous deux dans des rôles de figures plus âgées et non dénuées de charisme.
Albert Puyn n’en est pas à son premier film, c’est même son troisième qui utilise des cyborgs, une vraie marotte. Et cela se sent. Ce n’est pas le film d’exploitation cupide, il y a une vraie envie de bien faire, de proposer un film de science-fiction post-apocalyptique qui sorte un peu du lot. Ce n’est pas entièrement réussi, mais il est plus facile de prendre Knights au sérieux que de s’en moquer. Qui sait, avec plus de moyens, il aurait peut-être un peu plus marqué le cinéma.
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le 9 janv. 2020
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