Véritable paréidolie du Western, cette fabuleuse adaptation est l'œuvre du réalisateur et scénariste néo-zélandais Andrew Dominik, également derrière l'affiche du tant attendu drame biographique sur Maryline Monroe intitulé Blonde et prévu pour 2022.
Avec L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford,
on aurait pu croire à un Terrence Malick pour ces plans larges sur ces vues scéniques chargées en nuages qui, se contrebalancent aux séquences de dialogues et d'exposition des personnages en huis clos, celles-ci terriblement intimistes et captivantes.
On aurait pu croire à un P.T Anderson qui comme A. Dominik, avait pris le parti pris de soustraire le spectaculaire au drame dans son récit psycho-contemplatif There will be Blood.
Ce faisant, sans jamais être dans de la contrefaçon, l'œuvre parvient à proposer un récit magnifique, d'une incroyable crédibilité sur le plan humain, à la violence sous-jacente, à peine perceptible... Une violence d'une latence extrême qui sait faire palpiter le palpitant bien mieux que de nombreux films du genre.
Au diable les Hi-Yo Silver et les coups de feux incessant (et insensés) ; place à la méticulosité des gestes, à la nuance des propos, à l'exhibition des émotions et de l'intimité.
L'Assassinat de Jesse James donnerait même du fil à retordre à son homologue australien Animal Kingdom curieusement mieux accueilli par la critique.
Sur le devant de la scène, on constatera un effort appliqué dans le jeu d'expression des acteurs. Baignant dans un environnement chimérique imposé par le metteur en scène - et ce pour d'excellentes raisons - Brad Pitt oscille entre personnage légendaire, à l'assurance irréprochable, figure paternaliste par excellence presque divine et, entité déchue, désabusée dotée d'une personnalité nébuleuse quasi schizophrénique. Le cadet de l'industrie, Casey Affleck détient dans une moindre mesure cette même capacité à nuancer ses intentions par le biais de son faciès et de ses intonations. Il exprime tantôt du mépris, de l'aversion et de la cupidité tantôt un sentiment d'admiration.
La fin semble tout de même bâcler le destin fataliste de ce Robert Ford caseyiste. Il n'en demeure pas moins que ce film est appliqué, soigné et raffiné.