Aux côtés d'une infime partie du casting d'Outsiders de Francis Ford Coppola (C. Thomas Howell, Patrick Swayze et Darren Dalton - Diane Lane étant indisponible car engagée sur le tournage des Rues De Feu, Ralph Macchio sur celui de Karaté Kid et Matt Dillon sur celui du Kid De La Plage -), John Milius se Rabat sur Lea Thompson, Charlie Sheen et Brad Savage pour concrétiser le fantasme d'une hypothétique invasion des États-Unis par l'Union Soviétique liée aux troupes cubaines et nicaraguayennes. Nous sommes en 1984, la guerre froide fait encore la une des actualités et Milius souhaite tout simplement mettre en valeur son patriotisme et sa passion pour les armes dans un seul et même film.
Suite à une crise politique, l'OTAN est dissous et les États-Unis se voient isolés du reste du monde. Les Soviétiques en profitent pour attaquer la première puissance mondiale en envahissant une petite ville isolée du Colorado. Un groupe d'adolescents réussit à s'échapper et organise sa défense en s'investissant dans la résistance sous le nom des Wolverines...
En l'état, L'Aube Rouge est un film totalement invraisemblable. Si des poches de Résistances fomentées par de très jeunes personnes ont toujours existé durant les conflits (la Française Madeleine Riffaud peut toujours en témoigner), il n'en reste pas moins que le film de Milius prône avant tout l'héroïsme américain face à l'ennemi, la grandeur du guerrier, la noblesse du combat et la défense de son patrimoine. Pour ce faire, le réalisateur de Conan Le Barbare fait appel ici à l'Amérique profonde, celle où les habitants n'hésiteraient pas une seule seconde à prendre les armes pour préserver leurs intérêts. Une manière opportune d'étayer son scénario par un certain réalisme auquel il imprime sans finesse des composantes très personnelles. La sauvegarde des valeurs traditionnelles et le patriotisme sont d'autant mieux loués s'ils sont pleinement assumés par ce qui représente l'espoir de la nation : la jeunesse.
Ainsi, les héros du film ne sont autres que six lycéens, bien déterminés à lutter, à tuer et qui organisent une guérilla contre les troupes soviétiques qui redonnera espoir aux opprimés des quatre coins du pays. Se joignent à eux deux adolescentes et un pilote de l'US Air Force qui renseigne les jeunes héros sur la tournure du conflit. Quant à l'Europe, elle ne s'est pas donnée la peine d'intervenir et on imagine aisément ce que Milius devait penser de la France depuis la victoire de la gauche en 1981.
Très vite, le scénario de L'Aube Rouge révèle de très nombreuses invraisemblances que ne rachètent pas des dialogues d'un haut crétinisme. Le schéma narratif est d'autant plus primaire qu'il est comparable à celui des films de justiciers : on présente l'ennemi comme particulièrement cruel et malfaisant de façon à se convaincre de son bon droit et consécutivement à légitimer des représailles bien vénères. L'armée soviétique réduite à une bande d'ahuris instaure la terreur dans la bourgade, transforme le drive-in local en camp de rééducation tandis que nos jeunes et héroïques Américains dégainent les armes à grand renfort de fanatisme. Les vieux cons contre les jeunes cons, en somme.
Œuvre ultra roublarde, démagogique et s'engluant perpétuellement dans l'allégorie bêtifiante, il faut nécessairement visionner L'Aube Rouge en mettant son cerveau en veille pour profiter comme il se doit des nombreuses scènes d'action rondement menées.
NB : C. Thomas Howell était quand même bien craquant à l'époque ^^