Prêts pour le voyage ? Attention, “L’autre côté du miroir” va vous emmener là où les autres films ne le font pas !
J’ai découvert ce film il y a quelques temps dans un cinéma du Mans, suivi d’un échange vraiment intéressant avec le réalisateur et son équipe, et je peux dire que cette œuvre est inqualifiable, tant elle est de tous les genres et d’aucun genre… Pour bien la recevoir, il vaut mieux se défaire de toutes nos habitudes de spectateurs : vous ne verrez pas de flingue, pas de morts (ça devient rare au cinéma !), et puis l’amour — l’amour ? — comme on ne nous l’évoque pas sur grand écran, et le sexe comme il n’est jamais montré !
Alors en sortant de la salle, je me demande encore : il y a une histoire ? il n’y a pas d’histoire ? qu’ai-je vu et qu’ai-je rêvé ? On est vraiment déroutés tant ce film est à l’image de nos vies auxquelles on veut souvent donner un sens ou y coller une linéarité alors que… oups ! L’autre côté du miroir, c’est un peu un précipice, une invitation au vertige, mais c’est ausi un bain chaud avec plein de bulles de toutes les couleurs et toutes les saveurs, une expérience sensorielle étonnante, une invitation à goûter la vie à plein cœur comme on ose rarement le faire, et puis sentir aussi des contradictions qu’on essaie souvent de fuir, et tout cela avec une sorte de bienveillance de la part du réalisateur qui a trempé sa chemise pour offrir une grande qualité sur tous les plans : esthétique, jeu des acteurs, montage, étalonnage des images, scénario (ou anti-scénario), bande-son très riche et travaillée en finesse, photographie, voix-off…
Et en même temps ce film est une mise-à-nu de tout ! On en ressort dénudés et légers, et puis aussi avec plein de questions parce qu’on ressent bien qu’on n’a pas tout vu et tout entendu, et que quelque chose nous a échappé (je compte bien aller le revoir bientôt). Entre les scènes d’intimité à deux et d’intimité tout court, la question du monde actuel, l’exilée du proche-orient, le choc des cultures et des traditions, les rapports de classe, la vie intellectuelle et la vie instinctive, le réel et la fiction, la relation amoureuse avec ce qu’on attend et qu’on n’attend pas du rôle de l’homme et du rôle de la femme, et bien sûr cet mise en abyme entre l’écrivain dans le film, le scénariste et le réalisateur… Miroir, mon beau miroir, dis-moi que…
Tout est emporté dans un tourbillon tellement riche et vivant que les images et les sons me résonnent encore longtemps après.
Film à voir et à revoir !