L’Etrange Noël de monsieur Jack (1993) de Tim Burt-, pardon, Henry Selick, fait partie des longs-métrages d’animation des studios Disney les plus décevants que j’ai pu voir. Etant donné le culte qu’on lui voue et l’infinité de produits dérivés de style gothique qui en a résulté sur le long terme, je me serais attendue à cent fois mieux. Certes, il fut à l’époque une prouesse en matière d’animation en volume mais le scénario est abracadabrant, et pour cause : ce film est le développement d’un poème écrit par T. Burton dans les années 1980 et, à ce que je constate, cela ne garantit pas automatiquement un scénario avec du corps, ou alors celui-ci était valable mais a été très mal exploité en définitive. On ne le saura jamais.
Le héros de l’histoire s’appelle Jack Skellington. Il s’agit d’un épouvantail squelettique aux allures de dandy qui découvre Noël et, émerveillé par cette fête, va essayer de l’importer dans sa ville d’Halloween. Jack est ce que j’appellerai un personnage neutre. Il est ni ennuyeux ni particulièrement excitant. Cependant, la façon dont il est adulé par les habitants d’Halloween comme s’il était le génie sans qui rien ne serait possible m’irrite. Il existe d’autres manières de rendre un héros intéressant qu’en faisant des personnages secondaires abrutis et suiveurs ! En plus, si n’importe qui se méfierait de ce qui lui est étranger, eux acceptent sans trop se poser de questions de préparer cette fête allant à l’encontre de leur tradition ténébreuse, démontrant à nouveau toute leur profondeur (c’est du sarcasme). Ou suis-je censée penser que tout est reconnu comme festif dans cet univers et donc instinctivement vu comme bénéfique par les personnages ?
Oui pardon, j’ai bien dit « préparer », parce qu’ils ne fêtent pas Noël entre eux, en fait.
Jack prend la place du Père Noël et va distribuer des cadeaux faits main dans la ville voisine, ce qui est pour moi le comble de la débilité.
En tout cas, la déraison grandissante de l’épouvantail montre qu’il aurait mieux fallu que lui et les siens s’en tiennent à ce qu’ils connaissent. J’apprécie néanmoins que cet univers souligne que ce qui est [a]normal pour les uns ne l’est pas forcément pour les autres ; c’est un bon message en faveur de l’acceptation des différences et particularités de chacun. Outre cela, la sous-intrigue avec Sally et son créateur possessif ne présente pas beaucoup d’intérêt, en dehors de la revisite de Frankenstein qu’elle représente. Je ne vois cette jolie poupée de chiffon que comme le love interest désigné du héros. Quoi que, ce n’est pas tant elle le problème, mais le développement zéro de leur relation. Puis la fin avec le Oogie Boogie est bâclée, mais que voulez-vous, il ne reste à ce moment-là plus que 10 mins (de film) à Jack pour rectifier son erreur !
Enfin, malgré le délice que représente L’Etrange Noël de monsieur Jack d’un point de vue esthétique (et encore, faut aimer le style !), je n’ai pas accroché à l’histoire sans queue ni tête ni aux personnages creux. Pour couronner le tout, les chansons ne sont pas tout le temps bonnes. Ainsi, je lui attribue un 5/10 très timide.