L'Homme de nulle part par Maqroll
Un bon western psychologique de Delmer Daves, un des maîtres du genre, trop souvent ignoré par les critiques spécialisées. Glenn Ford, sobre et efficace comme à son habitude, incarne un cowboy désenchanté, marqué par une enfance rude, qui finira par trouver sa voie d’une manière inattendue. L’intrigue est une sorte de décalque d’Othello (avec les quatre mêmes personnages du mari jaloux, de l’épouse faussement infidèle, de l’innocent accusé et du traître) mais un Othello qui finirait bien, dans le droit fil de la morale imposée par le code Hays, évidemment. La métaphore finale de la potence (qui rappelle le chef-d’œuvre de Daves, La Colline des potences avec Gary Cooper et Maria Schell) est superbe et donne la mesure du talent de cet auteur insuffisamment mis en valeur dans les anthologies du cinéma. Comme toujours chez Daves, les images sont superbes et soigneusement travaillées. Voilà un film qui respire l’intelligence et l’humanité.