Il existe deux façons de faire des films pour enfants : les prendre pour ce qu’ils sont – des enfants – et en profiter pour laisser passer des défauts qu’ils ne remarqueront que plus tard, ou en faire un spectacle plus exigeant qui permettra à leurs parents de ne pas s’endormir dans leur fauteuil. Nim’s Island, malgré une relative volonté de bien faire, appartient à la première catégorie.

Autant le dire d’entrée : les personnages ne se croiseront qu’à la toute fin du film, et jamais ils ne combattront ensemble les hordes de touristes bien décidés à envahir l’habitat de Robinson Crusoë et de sa fille à l’imagination fertile (imagination largement revue à la baisse dans son montage français). Non, Nim’s Island raconte trois aventures distinctes, de trois personnages séparés, et avec chacune ses spécificités.

Celle de Nim s’apparente bêtement à une relecture de Home Alone, mais avec une île du Pacifique en lieu et place du pavillon de banlieue cossue, et de gros Américains en chemise hawaïenne (vision d’horreur) en guise de cambrioleurs. Trame prévisible et animaux en images de synthèse seront au programme. Des trois, c’est sans doute celle qui s’adresse le plus ouvertement aux enfants, mais cela autorise apparemment les scénaristes à nous sortir une histoire d’une consternante naïveté.

L’aventure du père tient avant tout du survival, mais là encore avec de grosses facilités dans l’écriture : intervention inopinée d’un personnage extérieur peu crédible, capacités surhumaines dignes de MacGyver,… Heureusement que sa partie est la moins développée du film.

Enfin, le gros point fort de Nim’s Island, c’est l’histoire de Jodie Foster. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit du meilleur protagoniste, en tout cas du seul humain. Cette romancière agoraphobe qui vit ses aventures à travers son héros, obsessionnelle, maniérée, maladroite, et qui décide de partir à l’autre bout du monde, oui cette femme s’avère immédiatement attachante, et ce qui lui arrive nous passionne d’autant plus qu’une fois lancée, elle ne peut plus s’arrêter de bouger. Ce qu’elle apporte au film, c’est à la fois du rythme et beaucoup d’humour, car ses réactions sont toujours impressionnantes et toujours inattendues.

Manque de chance, les réalisateurs débutent à ce poste et montrent de grosses lacunes ; en d’autres termes, seuls leur scénario et le jeu de leurs acteurs peuvent leur permettre de maintenir un semblant d’intérêt. Ça et le cadre idyllique. L’idée de départ – des personnages qui ne se rendent pas compte qu’ils vivent déjà une grande aventure – était pourtant loin d’être idiote, mais en nous donnant l’impression que chaque partie a été tournée dans son coin, sans lien avec les autres (ce qui est probablement le cas), cette production gâche son potentiel.

Sans être une purge, Nim’s Island ne pourra être pleinement apprécié que par des enfants suffisamment jeunes pour ne pas remarquer ses énormes ficelles narratives. Pour les plus grands, restent la prestation de Jodie Foster et le dépaysement.
Ninesisters
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le 22 janv. 2014

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