Une petite perle cachée des 90's qui ne doit se refiler de bouches à oreilles qu'entre être sensibles avertis. Un premier film plein de tendresse et de poésie où chaque personnage est regardé à hauteur d'homme, avec respect, sans que cela n'exclut pour autant un ton par moment plus piquant et satirique. C'est une histoire d'amour entre deux êtres à fleur de peau incompris qui devront surmonter les préjugés de leur entourage pour apprendre à s'aimer. Hartley prend le parti des âmes sensibles laissées-pour-compte, et les personnages qui les entourent sont raillés dans leur médiocrité avec un plaisir communicatif. Mais le film sait aussi faire preuve de compassion pour cette classe moyenne sincère, bien qu'avant tout soucieuse de son confort matériel. Un film drôle, lucide, mélancolique, léger, tendre. Robert Burke crédible en homme mystérieux qui revient de loin et Adrienne Shelly magnifique, drôle, touchante, intelligente. Un film qui sait aussi regarder les femmes en face et les montrer dans toute leur beauté intérieure, leur complexité, leur richesse, devant des hommes montrés souvent comme pervers et superficiels. Ça change du regard misogyne sur les "belles femmes". Ici elles ne sont pas responsables des désirs que l'on projette sur elles, bien souvent sans leur avis, et elles se montrent avant tout sensibles et lucides. Le seul qui sera à même de séduire la belle Audrey se révèlera être le plus doux et intègre, c'est-à-dire le plus chevaleresque. Que cela nous serve de leçon !