L’origine du mal n’est pas un film accueillant.
Il est difficile de rentrer dans son univers et de comprendre ses personnages. Mais Sébastien Marnier crée en réalité, sans qu’on s’en aperçoive, une ambiance unique, mystique et mystérieuse, qui pose les bases d'un thriller angoissant et très réussi.
En effet, dès le début, on se questionne : sur les travellings qui paraissent superflus, sur le jeu d’acteur dont l’excès semble parfois frôler le mauvais goût, et même sur les fondus enchaînés dont on ne comprend pas l’intérêt. Tout est fait pour qu’on reste étranger à ce film et à ses personnages, tout est fait pour qu’on se sente mal à l’aise en les voyant interagir entre eux d’une manière qui semble agressive et quasi incestueuse. On brouille toutes les pistes, et c’est là tout le sel de L’origine du mal.
Passé ce - long - moment de questionnement, on comprend que tout est intentionnel et qu’on se retrouve en réalité pris au piège d’un film qui avait un coup d’avance sur nous. L’histoire se dénoue et on comprend enfin tout ce qui nous posait question depuis le début. Voilà tout ce qu’on attend d’un bon thriller, me direz-vous. Certes, mais en nous laissant étranger à tout ce qu’il se passe, en nous montrant des décors surchargés dans lesquels on ne peut que se noyer, la surprise est complète lorsqu’on saisit enfin tout le chemin que le film a fait derrière notre dos - ou pire, sous nos yeux.
Cette œuvre singulière est portée par un casting qui semblait être né pour ce film. Il faut bien sûr saluer le travail de Laure Calamy, Doria Tillier et Jacques Weber, mais c’est surtout Dominique Blanc - de la comédie française, bien sûr - qui vole la vedette par son cynisme et la grande ambiguïté de son personnage.
Sébastien Marnier nous a donc livré un très bon film, qui vous enveloppe dans une ambiance mystérieuse et qui ne vous laisse faire confiance à personne. Par ses dialogues, son jeu d’acteur et même ses splits screen ingénieux, L’origine du mal n’a pas fini de vous plaire et de vous questionner, même après le visionnage. Je crois que nous assistons ici à la montée d’une jeune réalisateur talentueux.