La maman et le butin
Habitué à la comédie réalisée par les autres, Laurent Lafitte décide, pour ses premiers pas derrière la caméra, d’adapter une pièce au postulat pour le moins audacieux et improbable. Lancé par une...
le 20 sept. 2021
26 j'aime
8
Adapté de la pièce de Sébastien Thiéry, le premier film de Laurent Lafitte annonce dès la lecture de son titre potache un beau délire comico-psychanalytique servi par un parisianisme à son paroxysme de grossièreté condescendante brillamment joué.
Jean-Louis possède tout ce qu'il lui faut pour se sentir suffisamment heureux dans sa réussite sociale. Mais... problème : Jean-Louis n'est pas heureux. Sa femme Valérie l'ennuie, son métier l'ennuie, sa vie l'ennuie... bref, Jean-Louis et son ego ont du mal à supporter la mascarade de son existence. Un jour, son cœur s'arrête de battre. Mais Jean-Louis est toujours vivant.
Le sexe devient dès les premières secondes la clé du problème de Jean-Louis entraînant un enchaînement de situations gênantes. Inutile de potasser longuement ses fiches de rattrapage en psychanalyse pour comprendre le fonctionnement œdipien de cette comédie bourgeoise. Arrive donc le passage obligatoire chez la chamane extraordinairement interprétée par Nicole Garcia pour tenter de résoudre le problème de cet homme de mauvaise foi bloqué dans son orgueil faussement virilisé.
Les personnages justement maîtrisés incarnent alors ce qu'il y a de plus détestablement grotesque chez l'être humain, accordant au film sa justesse d'esprit. On retrouve ainsi la distribution habituelle d'une pièce aux couleurs tragicomiques centrée autour du personnage du parvenu en pleine crise existentielle : sa femme hystérique, son meilleur copain rondouillard et loser et sa môman dont les traits ne sont pas sans rappeler ceux de sa femme légèrement plus âgée que lui, bien sûr.
La quête perturbante entraîne malaise(s) et fous rires jusqu'à pousser le comique dans ses retranchements les plus tordus. Notons que le personnage pivot campé par Hélène Vincent est d'une justesse éclatante, rivalisant de crédibilité sans grande difficulté devant les trois pitres obscènes qui tentent par tous les moyens de soulever ses jupons.
Pas de grande virtuosité côté réalisation mais une efficacité du plan digne de Courbet (qui a peint L'Origine du monde... juste pour voir si vous suivez). Ainsi, les personnages suffisamment dessinés évoluent principalement dans un décor témoin sans grand intérêt. Motifs et matières sont néanmoins finement détaillés, sans pour autant donner une qualité supérieure à l'adaptation.
En bref, une fois l'interrupteur allumé, la farce obtient les rires escomptés mais n’intimide guère son public. Pas de déchocage, donc.
Créée
le 8 sept. 2022
Critique lue 800 fois
4 j'aime
1 commentaire
Habitué à la comédie réalisée par les autres, Laurent Lafitte décide, pour ses premiers pas derrière la caméra, d’adapter une pièce au postulat pour le moins audacieux et improbable. Lancé par une...
le 20 sept. 2021
26 j'aime
8
Je le sentais bien, pourtant. Même si je n'avais pas aimé « Momo », adapté du même Sébastien Thiéry, cela avait l'air à la fois provocateur et percutant, graveleux et incisif, original et décalé,...
Par
le 25 sept. 2021
25 j'aime
"J'étais comme possédée... J'ai regretté de suite, mais c'était trop tard.""T'es un copain? Un copain qui veut même pas prendre en photo ma mère?!" (...) "...alors regarde, c'est simple,...
le 25 nov. 2023
20 j'aime
20
Un père et sa fille. Voilà deux personnages perdus dans leur propre rôle. Justine est la fille d'Elie. Jamais là quand elle était petite, Elie tente de se rattraper comme il peut maintenant qu'il va...
Par
le 29 janv. 2016
9 j'aime
Petite série française : mi-horreur, mi-thriller... Le pitch annonce déjà un enchaînement de catas, ça va de soi. Petit avertissement : foule de personnages et de couples, cafouillage dans les...
Par
le 14 avr. 2018
8 j'aime
Jean, Juliette et Jérémie sont frères et sœur. Un jour, Jean revient les voir. Bientôt orphelins, leurs parents leur laissent leurs vignes, leur domaine, leur sang. On reconnait l’œil averti de...
Par
le 24 juin 2017
8 j'aime