Come on Olivia light my fire!
Le film raconte, ou plutôt romance, l'histoire vraie de la désastreuse charge de la cavalerie britannique qui eut lieu en Crimée en l'an de disgrâce 1854. Je dis romance car, outre la dernière scène, le film se passe entièrement aux Indes si chères à Kipling et conte en filigrane les aventures d'un triangle amoureux que deux frangins forment avec la fiancée de l'aîné. Ce dernier, pour s'être absenté un long moment lors d'une campagne au Surdistan (inutile de chercher sur un planisphère, ça n'existe pas plus que la Bordurie ou la Syldavie), a perdu la place dans le cœur de sa belle que son frère cadet s'est empressé de récupérer. Le couple roucoule jusqu'au jour où le frère prodigue, capitaine puis major de l'armée de Sa Majesté, rentre de mission avec dans l'idée d'honorer et de finaliser ses fiançailles. Mis au parfum, il n'y croit pas d'abord puis s'irrite devant l'insistance de son frère, avant finalement de l'accepter. Merde, pour une fois qu'il ne convolera pas avec sa dulcinée ce sacré diable.. Seulement pour son second rôle comme tête d'affiche, notre pochard australien est d'avantage Flynn lame que messager d’Éros. Lui reste donc l'honneur. L'honneur de charger à la tête de son régiment et l'honneur d'épargner son frère du massacre qui se prépare pour l'amour d'Olivia.
Le tournage eu essentiellement lieu en extérieur (très peu de scène en studio) et se déplaça carrément sur le lieu de l'action du film, aux Indes et en Crimée (pour la charge finale). Flynn, qui n'eut pas de mal à convaincre HB. Wallis n'engager son camarade de beuveries et colocataire David Niven, profita du voyage pour s'adonner à son art de la biture, de la drague et de la détente. Il entraina dans son vice la plupart du casting et bon nombre des figurants. Anormalement en retard sur le plateau, Curtiz agacé par son comportement et son insouciance lui lança : "Fils de pute! Tu n'étais qu'un macchabée à la morgue et j'ai de toi un héros. Maintenant, si tu continues, je te renverrai à la morgue et tu redeviendras une pauvre cloche". Le pire dans l'histoire était qu'il disait vrai (c'est Curtiz qui proposa Flynn pour interpréter le rôle de Peter Blood dans son Capitaine Blood après l'avoir brèvement dirigé dans The Case of the Curious Bride dans le rôle d'un cadavre!) et que Flynn le savait très bien, comme en témoignait son front qui perlait de sueur et son rire forcé!
Du reste le film est l'incarnation même du film d'aventure romantique de l'âge d'or d'Hollywood et réunit pour la seconde fois consécutive, sur leurs huit collaborations, Errol Flynn et Olivia de Havilland. Un peu moins à l'écran que dans Capitaine Blood, ce crime sera réparé après Les Aventures de Robin des Bois en 1938 où elle commencera à changer de registre, elle y est charmante à souhait sans atteindre pour autant sa beauté incandescente de La Piste de Santa Fé. La complicité avec Flynn est évidente de même que la complicité qui lie le réalisateur à sa vedette même si elle n'égalera jamais celle que l'acteur partageait avec Walsh, tant sur le plateau qu'en dehors. Enfin Flynn est impérial en officier de la couronne fière et ardent patriote. Sa vision chargeant l'ennemi à la tête de ses hommes restera gravée dans ma mémoire.