La Couleur pourpre (1985) est un des films avec lesquels on a grandi, un intouchable de l'émotion pure et dure (on verse un litre de larmes à chaque re-visionnage), aussi on regardait arriver cette ré-adaptation du roman d'Alice Walker en version comédie musicale d'un œil (mouillé) plutôt dubitatif. Mais heureusement cette version n'a pas grand chose à voir avec l’œuvre de Spielberg (elle ne s'attarde pas sur les mêmes passages du livre), tant mieux, on évite le remake plan-par-plan (le summum de l'inutilité) et cela apporte quelques idées fortes qui n'étaient pas présentes en 1985 (la relation amoureuse de Celie et Shug). En revanche, ces danses endiablées et ces robes de couleurs, ces shows qui s'enchaînent et se ressemblent tous (aucune musique mémorable, si ce n'est "Sister", qui vient du Spielberg), nous font complètement perdre l'émotion du récit pourtant très tragique. On ne renie pas la bonne mise en scène des séquences de danses (quoique vieillottes : ces chorégraphies datent du Broadway des années 60), les idées de beaux plans (la chanson sur le tourne-disque), les styles de chants qui varient du blues au gospel (donc : parfaits pour la thématique), le jeu des actrices qui se donnent vraiment du mal, mais le fait est qu'il faut vraiment se forcer si l'on veut ressentir une quelconque peine sincère dans cette suite de chansons un peu kitsch sur les bords. On retrouve quand même la sublime chanson "Sister" (c'était notre seule requête, si on nous promettait une comédie musicale sur La Couleur pourpre sans "Sister", on cassait tout), on retrouve

Whoopi Goldberg

dans le caméo de la sage-femme qui accouche Celie (comme un symbole de la passation du flambeau, aussi peu fin soit le symbole : on l'a aimé), on retrouve une envie de ne pas copier la précédente adaptation qui est un choix assez rare aujourd'hui (où la redite sans idées nouvelles règne...), on a un parti-pris (la comédie musicale de Broadway des 60's) qui est assumé jusqu'au bout... On ne se sent l'envie pas de démonter en flèche cette ré-adaptation qui essaie au moins d'être originale, qui ressemble à un produit contre-nature entre la forme très joyeuse et le fond très triste, ce qui fait qu'on n'y croit jamais, mais a l'audace de tenter son concept. PS : on bosse chaque jour en face de l'affiche, et elle est d'une laideur absolue.

Aude_L
6
Écrit par

Créée

le 1 févr. 2024

Critique lue 82 fois

Aude_L

Écrit par

Critique lue 82 fois

D'autres avis sur La Couleur pourpre

La Couleur pourpre
Trilaw
6

« Ce sont des hommes qui l’ont fait, pas Dieu »

Le cheminement d’une afro-américaine qui est rudoyée par son beau-père puis par Monsieur.Je lui préfère la version de Steven Spielberg, car nettement plus réaliste et sombre, parce qu’elle foisonne...

le 2 févr. 2024

4 j'aime

La Couleur pourpre
latuile
6

Beaucoup trop Pourpre

Cette nouvelle adaptation en version comédie musicale du roman d’Alice Walker n’a quasiment aucun rapport avec le film de 1985. Tant mieux, elle aurait été inutile autrement. En revanche, difficile...

le 27 janv. 2024

1 j'aime

La Couleur pourpre
Selenie
7

Critique de La Couleur pourpre par Selenie

Le film débute avec du bonheur et une partie musicale lumineuse qui annonce la couleur du Blues et du Gospel à Broadway. Les décors très éclairés, les costumes colorés et la photographie participent...

le 24 janv. 2024

1 j'aime

1

Du même critique

The French Dispatch
Aude_L
7

Un tapis rouge démentiel

Un Wes Anderson qui reste égal à l'inventivité folle, au casting hallucinatoire et à l'esthétique (comme toujours) brillante de son auteur, mais qui, on l'avoue, restera certainement mineur dans sa...

le 29 juil. 2021

49 j'aime

Mulholland Drive
Aude_L
5

Tout le monde adore...sauf moi (snif).

Certes, David Lynch a un style bien à lui et reconnaissable entre mille, mais il faut l'aimer, si l'on veut s'extasier devant Mullholland Drive. Subjectivement, on n'y a rien compris, si ce n'est...

le 9 oct. 2021

41 j'aime

Dogman
Aude_L
8

Besson a lâché les chiens !

Caleb Landry Jones est vraiment stupéfiant, nous ayant tour à tour fait peur, pitié, pleurer (l'interprétation d’Édith Piaf en clair-obscur, transcendée, avec un montage si passionné, on ne pouvait...

le 18 sept. 2023

40 j'aime