Todd le Comanche en territoire Apache

Continuons la découverte de la filmographie de Delmer Daves, après 3h10 pour Yuma et La flèche brisée la semaine dernière, avec cet autre western : La Dernière Caravane, une recommandation de Ugly (merci à lui !).

Le film sort en France en 1957, soit sept ans après La flèche brisée. Il est évident que les deux films ont un lien de parenté : La Flèche brisée est aujourd’hui reconnu par beaucoup comme le premier western pro-Indiens (ce qui est partiellement vrai, d’autres films avant les années 1950 brossaient déjà un portrait humaniste des Indiens, mais c’est le premier à en faire son sujet principal et à traiter la question sans détour). La Dernière Caravane s’inscrit dans la même lignée de tolérance et de mouvement anti-raciste, bien qu’ici les Apaches soient effectivement de méchants sauvages dont l’unique but est de massacrer l’homme blanc. La dualité Blanc-Indien est ici incarnée par le personnage de Todd le Comanche, un jeune Blanc élevé comme son propre fils pendant vingt ans par le chef d’une tribu Comanche (ennemie des Apaches).

La Dernière Caravane est le quatrième western de Delmer Daves, et possède la particularité de n’avoir été tourné qu’en extérieur, en décors naturels (à l'exception de la scène finale). Il faut dire que les paysages en jettent : les plans d’ensemble sont géants et nous voilà de nouveau plongés au cœur de l’Arizona, avec ses pistes poussiéreuses, ses grands pitons rocheux, ses bouts de rivières tumultueuses, et tous ses dangers – du canyon tombant à pic au serpent à sonnette.

Le thème principal de ce western est sans doute la jeunesse.
Le film démarre par une fusillade dans les montagnes : le renégat Todd (très belle interprétation de Richard Widmark), accusé de deux meurtres, est poursuivi en territoire Apache par les hommes d’un shérif. Rapidement, il arrive à se débarrasser des adjoints, mais est capturé par le shérif Bull Harper, une brute épaisse et haineuse. Ce dernier souhaite ramener Todd en ville pour qu’il y soit pendu. Mais en chemin, ils tombent sur une caravane de chrétiens qui prennent en pitié ce pauvre homme traité comme un chien. Au cours d’une altercation, le shérif est tué, et Todd devient le prisonnier du convoi. Cette nuit-là cependant, la caravane est attaquée par les Apaches, seuls les plus jeunes – inconscients, pour être allés se baigner à la rivière en douce en pleine nuit – échappent au massacre. Todd devient alors leur guide pour les sortir indemnes de ce « Canyon de la Mort ».

Mais là où La Dernière caravane tire véritablement son épingle du jeu (échappant ainsi à l’appellation de série B), c’est dans la mise-en-scène. Rien qu’à voir la séquence d’introduction, on devine très vite à quoi on va avoir affaire : huit minutes sans aucun dialogue, d’observations, d'approches et d’échanges de coup de feu, magnifiquement filmées. Déjà, la tension dramatique est palpable et les premiers enjeux scénaristiques sont posés.
Certains tableaux, à l’image de ce pauvre Todd enchaîné à une roue de chariot, restent indubitablement en mémoire.

Si j’ai incontestablement préféré le scénario complexe de 3h10 pour Yuma et la conviction pro-indienne de La flèche brisée, je dois dire que La Dernière caravane reste un western « haut du panier », notamment grâce au jeu de Richard Widmark, à la mise en scène soignée et à une nature sauvage rarement aussi bien filmée.
A recommander donc !