Pour une raison qui m'échappe (frustration, simple machisme, allez savoir), le mâle japonais semble prendre un plaisir malsain à voir une femme plus bas que terre, subir les pires humiliations. D'un autre côté, la culture japonaise n'est pas la dernière pour nous offrir des héroïnes fortes et déterminées à botter le cul de ces salopards de zobs ambulants.
Production typique de l'époque, "La femme Scorpion" est le premier volet d'une longue série de films qui expriment parfaitement cette contradiction. Pure bande d'exploitation à destination des mâles en rut, le film de Shunya Ito est pourtant un bien bel exemple de détournement, offrant au spectateur ce qu'il est venu voir (des femmes humiliées) tout en le confrontant à sa propre image de voyeur, brossant le portrait peu flatteur d'une société patriarcale voyant la femme comme un objet avant tout, une chose fragile que l'on peu manipuler à sa guise.
Volontairement outrancier et caricatural, forcément extrême, "La femme Scorpion" n'oublie pas d'être un rape and revenge sacrément efficace et violent, éprouvant, à ne pas mettre devant n'importe quelle paire de globes oculaires, transcendant un scénario prétexte par une mise en scène baroque et inventive, transformant des affrontements banals en tableaux fantasmagoriques et dantesques.
Un beau portrait de femme dissimulé par son antithèse, sublimé par le génie formel de Ito, par une superbe bande originale et par la présence de la magnifique Meiko Kaji.