Contrairement à ce qu’Emily Blunt avait joué dans Edge of Tomorrow et Sicario, elle interprète une jeune femme ambivalente que l’on va apprendre à connaître tout au long du film. On la découvre, dès le départ, dans un train. Puis, la voix-off nous explique ce qu’elle regarde comme si on était dans sa tête.
La narration du scénario est éclatée et chapitrée créant des effets de surprise au fur et à mesure que l’on apprend la vérité sur cette femme, Rachel Watson. Il y a aussi une volonté que l’on soit dans le même état psychologique de confusion et de perdition qu’elle. Sa destruction physique est bien retranscrite sur l’ensemble du long métrage. J’ai trouvé le procédé intéressant pour comprendre l’évolution psychologique du personnage.
Le film ne se limite pas à la seule prestation d’Emily Blunt : il y a 2 autres rôles féminins faisant aussi le sel de cette histoire. Rebecca Ferguson joue sa sœur ayant une vie parfaite, contrairement à elle. Haley Bennet joue une femme admirée qui va prendre de l’ampleur au fur et à mesure que le récit avance.
Le réalisateur fait un état des lieux actuel de la condition féminine et notamment du regard que la société porte sur elle, en fonction de son statut personnel, professionnel, et de sa santé mentale.
Les acteurs, Justin Theroux et Luke Evans jouent presque de faire-valoir, vu le peu de temps qu’ils apparaissent à l’écran. Edgar Ramirez joue un personnage bateau que l’on a déjà vu 100 fois pour densifier l’histoire de manière superficielle. Et pour finir, Lisa Kudrow, l'éternelle Phoebe de Friends, joue un petit rôle qui a son importance.
Une impression de déjà-vu peut gâcher le plaisir de visionnage, surtout si on a une culture cinématographique bien fournie. Par exemple à un moment donné, Rachel m’a fait penser au personnage d’Emily Blunt dans Irrésistible. Mais on pourrait donner plein d'autres exemples que vous retrouverez dans d'autres critiques. Je ne suis pas d’accord avec le fait que l’on dise qu’il s’agisse d’un nouveau Gone Girl parce qu’il ne dénonce pas la même chose. Ici, le personnage féminin ne cannibalise pas les autres personnages comme celui de Rosemund Pike en termes de présence et d’intensité.
Malgré les failles du personnage principal, Blunt ne joue pas un personnage glamour et lisse. J'aime cette prise de risque. Cela peut perturber certains spectateurs parce que l’on sort du registre habituel du personnage principal féminin hollywoodien qui doit, avant tout séduire, son public. Sur cet aspect, le film est vraiment réussi.
Non, La fille du Train ne mérite pas d’être descendu à ce point.