Dans une très lointaine galaxie soumise à un Empire autoritaire et répressif,la guerre fait rage entre les forces impériales et des rebelles déterminés.La princesse Leia Organa,une des figures de la résistance,parvient à dérober les plans de l'Etoile Noire,le nouveau vaisseau amiral de l'Empire doté d'armements si puissants qu'il pourrait détruire toute opposition.Elle est capturée mais parvient à transmettre les documents à Obi-Wan Kenobi,un vieillard vivant reclus au fin fond de la planète semi-désertique de Tatooine qui n'est autre que le dernier survivant de l'Ordre des chevaliers Jedi,des guerriers aux pouvoirs surnaturels qui assuraient autrefois la paix au sein des mondes galactiques.Aidé d'un jeune homme téméraire,Luke Skywalker,et de Han Solo,pilote chevronné et truand notoire,il va tenter de délivrer Leia et de remettre les plans aux unités rebelles retranchées sur une planète que l'Etoile Noire s'apprête à détruire.Naissance d'une mythologie.La légende veut que dans les années 70 George Lucas et Steven Spielberg,amis proches et valeurs montantes du Nouvel Hollywood,passaient ensemble des vacances à la mer et se soient mis,allongés sur une plage ensoleillée,à délirer à propos d'un film qui mêlerait space opéra à la "2001" et tragédie antique,inventant ainsi ce qui deviendra la plus célèbre et plus rentable franchise de l'Histoire du cinéma fantastique.Revoir ce tout premier "Star Wars" aujourd'hui prend des allures de pèlerinage,un délicieux retour aux sources du mythe.Même s'il y a de bons moments dans la prélogie et la postlogie sorties entre 99 et 2019,rien n'égale cette trilogie originale puissamment mise sur orbite par ce brillant opus de 77 écrit,réalisé et produit par Lucas.Le charme de la découverte joue à plein grâce à une présentation habile et successive des principaux personnages,astucieusement introduits à tour de rôle.Dès le générique on est dedans,le spectateur étant emporté par le fameux déroulé du début de l'histoire en plan incliné,magnifié par la géniale musique héroïque de John Williams,un thème inoubliable.Le film,tourné en studio en Angleterre et en Tunisie pour les scènes sur Tatooine,bénéficie d'un incroyable gisement créatif,Lucas et ses auteurs ayant créé un monde d'une richesse incomparable à base de personnages humains,animaux ou robotiques,quand ce ne sont pas des hybrides de tout ça,de décors fabuleux à foison,qui mélangent hyper technologie et masures antédiluviennes,de véhicules issus d'une imagination démente,de costumes allant de la harde médiévale à l'ultra-modernisme SF,le tout soutenu par des effets spéciaux extraordinaires dus à ILM,la boîte créée par Lucas et alors dirigée par l'immense John Dykstra.Des SFX "en dur",comme les décors,car il n'y avait pas le numérique à l'époque.En résulte un aspect vintage qui ajoute au plaisir visuel et qu'on ne retrouve pas dans les trilogies ultérieures,technologiquement beaucoup plus propres et carrées mais dépourvues d'âme.Là il y a des approximations,quelques bastons et poursuites peu convaincantes,des enchaînements parfois poussifs,mais c'est paradoxalement plus crédible et de toute façon très beau à voir.Les techniciens en chef,presque tous anglais,ont fourni un travail superbe,qu'il s'agisse de Leslie Dilley et Norman Reynolds à la direction artistique,John Barry aux décors,John Mollo aux costumes,Stuart Freeborn aux maquillages ou Gilbert Taylor à la photo.Les cadrages usant à la fois de la largeur d'écran et de la profondeur de champ engendrent des plans à tomber additionnés d'une colorimétrie sublimant une grande variété de décors.L'entrée en lice des différents protagonistes est prodigieusement agencée et c'est l'occasion de savourer chaque apparition.On commence avec un aéronef de l'Empire où l'intrépide Leia,princesse courageuse qui s'affirmera comme leader,tente d'échapper aux Stormtroopers,ces soldats sans visage cachés dans leurs armures techno commandés par l'ignoble Moff Tarkin,chef des armées impériales,et l'invincible et cruel Dark Vador,son homme de main,ancien Jedi passé du côté obscur de la Force.Est aussi dans cette galère le savoureux duo de droïdes formé de C3-PO,tas de métal à forme humanoïde,bavard,peureux et obséquieux,et de R2-D2,sorte de conteneur cylindrique à roulettes s'exprimant uniquement par des bips.C'est d'ailleurs une des caractéristiques de "Star Wars" que de multiplier les idiomes,toutes ces espèces diverses ayant leur propre langage.Les deux robots vont se barrer et atterrir sur l'aride Tatooine,pour y rencontrer le jeune Luke,fils d'un Jedi décédé,et le vieux Obi-Wan,qui va essayer de le former au combat.Pour voyager ils louent les services de Solo,aventurier malhonnête et désinvolte pilotant le Faucon Millenium avec son pote Chewbacca,un singe géant pratiquant le hurlement guttural,Han étant lui-même recherché par l'horrible Jabba le Hutt,crapaud visqueux surdimensionné et chef mafieux galactique.Une fois tous ces protagonistes mis en jeu,l'histoire va continuer à filer sur un bon rythme en multipliant les péripéties,évoluant entre humour et tragédie.Car si les personnages affichent des airs décontractés les dangers sont bien réels et les militaires du régime en place ne plaisantent pas.C'est également une des grandes qualités de la saga que d'utiliser des antagonistes efficaces et impitoyables,ce qui aide à adhérer aux évènements mouvementés décrits.On n'hésite pas à massacrer des gens,à pratiquer torture,mensonge et trahison,voire à pulvériser une planète juste pour l'exemple.Cette féroce et joyeuse empoignade trouvera son aboutissement lors d'une bataille de vaisseaux spatiaux à suspense fort bien gérée par Lucas.Tout n'est pas résolu à la fin et la guerre est loin d'être finie,ce qui sera développé dans les épisodes suivants,"L'Empire contre-attaque" et "Le retour du Jedi",films tout aussi exceptionnels,notamment le second qui fournira les clés psychanalytiques de la trilogie.A ce sujet,on appréciera rétrospectivement l'ébauche de relation amoureuse à trois ici amorcée entre Leia,Luke et Han,qui prendra à la lumière de ce qu'on découvrira ensuite l'apparence d'un inceste évité de peu.Les principaux acteurs ne sont pas très bons et paraissent souvent désorientés au milieu de ces décors inhabituels,que ce soit Mark Hamill,Carrie Fisher ou même un Harrison Ford tout jeunot qui avait tenu un petit rôle dans "American Graffiti",le Lucas précédent.Les plus chevronnés Peter Cushing,qui est l'affreux Tarkin,et Alec Guinness,le gentil Kenobi,sont en revanche parfaits.