La Loi de Téhéran est un film drame socio-politique suivant construit comme un film policier, avec un rythme nerveux et une excellente tendance à nous provoquer des montagnes russes émotionnelles. Au-delà de son synopsis initial, la traque d’un gros vendeur de drogue, c’est surtout ce que révèle le film en creux de la société iranienne qui fascine : un système répressif et aveugle qui favorise in fine le gros trafic et la misère sociale qui en découle, une police toujours présumée corrompue où règne les coups bas et où la camaraderie est absente, et dont les membres finissent par se demander si leur action a un impact.
Saeed Roustayi construit un film dur et fort, et accumule des plans magnifiques sur ces foules désœuvrées et abandonnées, que ce soit dehors dans les tuyaux ou sur l’autoroute comme dans les cellules surpeuplées des prisons. Le film est assez dense mais sa narration reste fluide. Le réalisateur souhaite donner de l’épaisseur et de la complexité à tous ses personnages, et si cela lui évite la caricature, je regrette de ne pas avoir de conclusion sur nombres des pistes qu’il a ouvertes. On en voit beaucoup, parfois trop et on est peu sur notre faim. J’ai également été moins touchée par la seconde partie qui met en avant le personnage de Nasser, probablement parce que sa description en première partie ou simplement son caractère m’empêche d’avoir une empathie pour lui, et rend tout ce passage assez long et répétitif.
Entre corruption et intégrité, condamnation à mort groupée ou libération, le travail de la police et de la justice se montre fastidieux et semé d’embûche. Entre éloge et critique on n’arrive pas trop à déterminer la position mouvante de Saeed Roustayi. La position qu’il affiche clairement est le constat d’un pays pris dans un cercle vicieux et brutal, et il réussit malgré quelques digressions à articuler une critique sociale dure selon les codes divertissants du thriller.