C'est le coup classique. Une bande de jeunes sillonne les routes américaines perdues pour combler leur manque de sensations fortes. Un peu trop confiants et d'une grave naïveté, ils tombent évidemment au mauvais endroit. Sur les mauvaises personnes. Celles-ci leurs servent moult courbettes, bien que déjà douteuses, puis après se l'être bien fendu finissent enfin par offrir à leurs frétillantes victimes les fameuses sensations qu'ils recherchaient. En plus fort. Et surtout en guise de fin de vie.


Postulat fort usé au cinéma, il n'en reste pas moins que, traité avec originalité, ça fonctionne du tonnerre. Il faut dire qu'en général les rednecks mis en scène sont assez fascinants. A la fois repoussants, drôles de par leur humour arriéré, dotés de rituels toujours plus trash et complètement timbrés. Le mètre étalon du genre c'est Massacre à la Tronçonneuse. Evidemment. Et ce cher Rob Zombie ne cache aucunement sa référence. Ses prosternations face au chef d'oeuvre de Tobe Hooper sont nombreuses et jamais cachées. Mais à la différence d'un Xavier Gens qui était incapable de donner un certain impact à ses références dans l'immonde Frontière(s), Zombie ose. Il fonce tête baissée dans une horreur chic et choc. C'est sale mais c'est aussi étonnamment coloré. Il parvient à donner une aura nouvelle aux scènes les plus proches du film de Hooper.


Et quand il décide de s'extraire de ses pesantes références, il dévoile une qualité dans sa mise en scène absolument surprenante. De ce travelling arrière vertigineux sur l'exécution d'un policier à ces dernières minutes littéralement infernales, La Maison des 1000 Morts regorge de personnalité. Zombie a assimilé ses références, il sait comment les utiliser. Dès lors son film se balade. On pourra peut-être lui reprocher d'avoir voulu mettre trop de choses à l'écran au risque de réaliser une sorte de fourre-tout horrifique. Un rollercoaster. Plusieurs passages du film semblent déconnectés mais au moins Zombie ne recule devant rien. Il a plein d'idées et plutôt que de réaliser plusieurs films il en fait un, un seul, bien rempli. Quitte à le rendre déséquilibré.


C'est ainsi qu'en plus de l'horreur on se retrouve avec des instants de pure comédie. L'introduction du Captain Spaulding vaut son pesant de cacahuètes à ce niveau-là. Une fois présenté, ce personnage aura beau être globalement absent, son aura burlesque pèsera sur le reste du métrage. Il lance les hostilités avec panache, annonçant de façon jouissive le festival gore et vulgaire qui va suivre. Un véritable Redneckland qui s'achèvera de façon inoubliable avec un déluge fantastique totalement inattendu. Une incroyable descente aux enfers tout droit sortie des pires cauchemars d'un esprit foisonnant d'idées macabres. C'est ainsi que Rob Zombie écrit l'ébauche d'une nouvelle page dans l'histoire de l'horreur au cinéma. Il confirmera ensuite avec le phénoménal Devil's Rejects qui achèvera de faire du musicien un cinéaste accompli.

Aymic
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le 9 févr. 2016

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