La Malédiction bénite
Au milieu du flot intarissable de suites, prequels, remakes, reboots & autres requels chargés de prolonger toutes sortes de franchises à succès, notamment dans le domaine de l'horreur/épouvante,...
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le 16 avr. 2024
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Au départ The First Omen ou La Malédiction - L'origine n'avait pas grand chose pour me plaire. Pour commencer je n'es jamais été un très grand fan de la saga des films La Malédiction et ensuite je suis depuis assez longtemps en saturation de cette mode horrifique des prequels, reboots, origin story et remake comme me l'attestait encore le récent et pitoyable L'Exorciste Dévotion. C'est peut être précisément parce que je n'en attendais strictement rien que j'ai tout simplement adoré ce petit miracle de tension fantastique.
The First Omen nous raconte l'histoire de Margaret une jeune américaine envoyée à Rome afin de consacrer sa vie à l'église et la foi. Une fois arrivée sur place, alors qu'elle s’occupe de jeunes filles orphelines elle découvre que des choses étranges se trament et que les ténèbres ne sont pas très loin.
The first Omen est le premier long métrage de la jeune réalisatrice Arkasha Stevenson (Channel zero – Brand New Cherry Flavor) et selon la vieille formule consacrée, si les loups ne la bouffent pas j’espère qu'elle ira très loin. L'action du film se situe en 1971 et comme Ti West l'avait fait avec son excellent House Of The Devil, la réalisatrice colle à l'époque de son film par sa mise en scène classique et par l'aspect visuelle de l'image (de quoi regretté d'autant plus quelques effets numériques). En tout cas The First Omen est un film qui a vraiment de la gueule le tout étant rehaussé par la photographie terriblement maussade et angoissante de Aaron Morton (Evild Dead de Fede Alvarez) que ce soit lorsque le film décrit les ambiances froides et nocturnes des rues de Rome ou lorsqu'il se perd dans les intérieurs sombres et anxiogène de cette institution religieuse pas très catholique. Et puisque j'en suis à l'énumération des qualités techniques et artistiques du film, saluons tout suite l'excellente bande originale du film signé Mark Corven (The Witch – The Lighthouse – Black Phone) dont les sombres envolées aux allures de puissant requiem satanique n'ont rien à envier au score mythique de Jerry Goldsmith. La réussite d'un film étant la fragile alchimie de différents talents, tout ici concorde à livrer un long métrage à l'ambiance puissante, à la tension prégnante et à l'ambiance horrifique étouffante. Vous pouvez oublier l’escalade de jumps scares débilo-mécaniques à la Blumhouse, The First Omen est un film qui s'appuie avant toutes choses sur une véritable ambiance horrifique constellé de visions cauchemardesques et terrifiantes comme peu de films osent encore nous en offrir actuellement. Des images qui imprègnent durablement l'esprit tant pour leur beauté venimeuse que pour la puissance de l'effroi qu'elles suscitent à l'image de ce plan avec le visage de l’héroïne dont les longs cheveux défaits installent autour de sa tête comme d’étranges pattes d'araignée. Je ne suis pas non plus près d'oublier cette scène qui rappelle un peu le Posession de Zulawski avec cette jeune fille prise d'une sorte de transe démoniaque tandis qu'elle découvre sa douloureuse maternité.
A priori The First Omen ne raconte rien d'extraordinaire et le film viendra pas, par sa simple écriture, complètement révolutionné le genre. Pourtant le film pourra se targuer d'avoir un récit imparable qui offre de nombreuses ramification thématiques et résonances sans pour autant être pesant ou didactique. En situant l'action durant les années de plombs et la révolte d'étudiants qui viennent contester toutes les autorités y compris religieuses, les scénaristes donnent au film un sérieux background social et politique. Le film traite aussi en filigrane d'un patriarcat institutionnalisé avec des femmes réduites à des statuts de poules pondeuses d’héritiers mâles quand bien même ils seraient des ténèbres. Un scénario carré, efficace laissant toute la place qu'elle mérite à la tension et à l'émotion magnifique incarnée par la comédienne Nell Tigger Free (Éclat du soleil d'un tigre libre, tu parles d'un blase!!). Déjà délicieusement tordue , insaisissable et géniale dans la série The Servant, la jeune actrice est tout simplement parfaite dans le rôle de cette jeune religieuse au cœur d'une diabolique machination.
Histoire de tempérer un peu cette ardeur critique juvénile et dithyrambique, j'apporterais tout de même deux trois très léger bémols au film à commencer par quelques effets numériques pas trop pertinents vu l'ambiance visuelle globale du film. Si j'en suis pourtant un fervent adepte, les effets gores ne trouvent pas non plus ici de folle justification au sein d'un récit basé avant tout sur son ambiance anxiogène. Histoire de chipoter encore un peu, on a aussi parfois la sensation que la réalisatrice et les scénaristes se sentent obliges de tisser des gros ponts et des références aux autres films de la saga ce qui encore une fois ne me semble pas toujours indispensable. Et pour terminer on pourra aussi regretter une dernière scène qui sent un peu l'opportunisme de la suite potentielle (Mais bon si c'est du même niveau je signe tout de suite)
The First Omen n'est pas loin d'être un véritable coup de cœur, en tout cas ça faisait longtemps qu'un film horrifique de gros studio ne m'avait pas à ce point happé dans les délicieuse méandres de ses griffes acérés. Arkasha Stevenson signe un film tenu et prenant de bout en bout avec des putains de vrais morceaux d'horreur profonde dedans. De quoi attendre avec la plus grande attention la suite de sa carrière comme celle de l'excellente comédienne Nell Tigger Free .
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le 6 juil. 2024
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