« Apes hunt humans. That is the law, but the law is wrong ! » NOA

En mars 2019, Disney réalise l'acquisition historique de la 21st Century FOX marquant une étape majeure dans le paysage médiatique. Cette transaction offre à Disney un contrôle direct sur le studio emblématique, renommé 20th Century Studios pour s'aligner sur l'image de marque de Disney et éviter toute confusion avec les actualités du réseau FOX.

Dans le cadre de cette acquisition, Disney obtient les droits de plusieurs franchises de grande envergure, notamment La Planète des Singes. Dès août 2019, Bob Iger, le président exécutif de Disney, annonce qu'un nouveau film de la saga est prévu, mais précise qu'il s'agira d'une suite et non d'un redémarrage. Ce choix se distingue des autres franchises que Disney a parfois relancées sous de nouvelles formes, car La Planète des Singes est déjà soutenue par une trilogie moderne très bien accueillie.

Les producteurs Peter Chernin et Jenno Topping, qui ont supervisé les trois films précédents, sont reconduits dans leurs fonctions pour garantir une continuité stylistique et narrative, bien que Disney puisse y ajouter sa propre touche.

Wes Ball, surtout connu pour son travail sur la trilogie The Maze Runner, a été recruté pour réaliser le prochain film de la franchise La Planète des Singes. Wes Ball a lui-même exprimé son enthousiasme pour le projet et a insisté sur son désir de respecter l’héritage de la trilogie moderne initiée par Rupert Wyatt et poursuivie par Matt Reeves.

On peut cependant émettre des réserves quant au choix de Wes Ball pour diriger un film de La Planète des Singes, car sa trilogie The Maze Runner cible avant tout un public adolescent, avec un récit moins centré sur des thématiques philosophiques ou morales profondes.

Wes Ball fait appel à des collaborateurs de confiance avec qui il a déjà travaillé sur sa trilogie The Maze Runner, ce qui contribue à créer une cohérence artistique, mais peut aussi susciter des inquiétudes quant à l’adaptation de leur style à l'univers de La Planète des Singes. Parmi eux, on retrouve John Paesano ou Daniel Dorrance, chef décorateur, connu pour son travail immersif dans des environnements post-apocalyptiques, qu’on reconnaîtra sûrement dans des décors marqués par des paysages ravagés et des installations réalistes.

Josh Friedman, scénariste expérimenté dans les genres de la science-fiction et du fantastique, a été engagé pour écrire le scénario, en collaboration avec Wes Ball, Rick Jaffa et Amanda Silver en tant que relecteurs. La présence de Jaffa et Silver, qui avaient co-écrit Rise of the Planet of the Apes of the Dawn of the Planet of the Apes, est un atout majeur pour assurer la continuité thématique et stylistique avec les films précédents. Leur implication garantit également que les éléments philosophiques et émotionnels, caractéristiques de la franchise, seront maintenus.

Friedman, Jaffa et Silver avaient déjà collaboré sur un projet de grande envergure, Avatar : The Way of Water de James Cameron. Ce projet, qui allie aventure, thèmes écologiques et émotion pure, a démontré leur capacité à travailler sur des récits épiques et à portée mondiale. Jaffa et Silver, convaincus du talent de Friedman pour enrichir des mondes immersifs et complexes, ont donc recommandé son nom aux producteurs, voyant en lui le candidat idéal pour insuffler à la franchise La Planète des Singes une profondeur renouvelée, en restant fidèle à l'héritage de la saga tout en introduisant une approche narrative moderne et raffinée.

Wes Ball a justement exprimé son ambition de créer des effets spéciaux d’une qualité comparable à ceux de Avatar : The Way of Water, connu pour ses visuels révolutionnaires. Pour atteindre cet objectif, il a fait appel à Weta Digital, le studio néo-zélandais de renommée mondiale qui a marqué l'industrie avec ses effets spéciaux impressionnants. Weta a déjà prouvé sa maîtrise dans la création de personnages en CGI extrêmement réalistes, notamment pour les singes de la trilogie précédente, en utilisant des technologies de capture de mouvement avancées.

Autant le dire tout de suite, les effets spéciaux sont remarquables, avec des créatures et des environnements d’une grande précision et profondeur visuelle. Grâce à l'expertise de Weta, le film reste dans les standards visuels de la franchise, en offrant un rendu aussi époustouflant que convaincant sur le plan émotionnel.

Kingdom of the Planet of the Apes sort en mai 2024 avec l’objectif de rivaliser avec la trilogie précédente de la FOX, qui avait globalement rencontré un succès commercial et critique. La trilogie de la FOX avait engrangé plus de 1.600.000.000$ au box-office mondial, avec un pic pour Dawn of the Planet of the Apes en 2014.

Avec Disney aux commandes, Kingdom of the Planet of the Apes bénéficie d’un budget de production plus conséquent et d’une campagne de promotion de grande envergure, toutefois, la concurrence est intense et le public est désormais habitué aux blockbusters à effets visuels impressionnants et le film ne va rapporte « que » 400.000.000$ soit le plus faible revenue depuis la trilogie de la FOX.

L’histoire se déroule 300 ans après la mort de Caesar. Les singes évolués ont établi leurs propres sociétés et modes de vie, tandis que les humains, en grande partie décimés et désorganisés, luttent pour survivre dans ce nouveau monde où ils ne sont plus l'espèce dominante. Des factions rivales de singes émergent, certaines prônant la paix et la cohabitation, tandis que d'autres sont convaincues qu'ils doivent asservir les humains pour assurer leur propre survie et créer leur nouveau royaume.

Wes Ball rend hommage au Planet of the Apes originale de 1968 en reprenant des éléments visuels, narratifs et musicaux qui évoquent directement l’ambiance et les thèmes du film culte. Fasciné par le premier film dès son enfance, Ball a voulu intégrer des clins d'œil significatifs, notamment la scène de chasse à l'homme inspirée de celle qui marquait l’arrivée de l’astronaute Taylor sur la planète des singes. Pour Wes Ball, son film s'inscrit ainsi en conclusion potentielle qui refermerait la boucle avec le film original, sans pour autant refaire celui-ci.

Le cœur du récit repose sur le voyage initiatique de Noa, un jeune singe en quête de sens et d'identité dans un monde façonné par l'héritage de Caesar. Ce voyage, structuré comme une quête héroïque, pousse Noa à explorer ce que signifie réellement l'héritage de Caesar, qui est perçu différemment par diverses factions de singes et de survivants humains. Le nom Noa n’est pas choisi au hasard : il évoque la figure de Noé, symbole religieux associé à la survie et à la transmission d'un idéal ou d'une mission divine, renforçant le parallèle entre la préservation de valeurs essentielles et la sauvegarde de la société. Cette quête amène Noa à interroger les fondements du monde post-Caesar, entre visions de paix, de suprématie ou de coexistence, et à trouver sa propre voie dans une interprétation personnelle et unique de l'héritage du grand leader. Ce thème central permet d’aborder la question universelle de l’héritage, des valeurs et de la responsabilité dans un monde en mutation, ajoutant une profondeur spirituelle et philosophique à l’aventure.

Noa s'aventure au-delà de ses frontières physiques symbolisant également une quête de connaissance et de compréhension. La scène où il utilise un télescope est particulièrement révélatrice de son désir d'apprendre et d'explorer le monde qui l'entoure. À travers cet acte, Noa ne cherche pas seulement à voir des objets éloignés, mais il exprime une curiosité profonde pour ce qui se trouve au-delà de son horizon immédiat, marquant ainsi une volonté d’étendre son savoir et de découvrir les réalités de l’humanité et des autres singes. Ce désir d'élargir ses horizons intellectuels et culturels est essentiel à son parcours initiatique. En cherchant à comprendre les différentes interprétations de l'héritage de Caesar et les complexités des relations entre singes et humains, Noa se positionne comme un pont entre les générations, cherchant non seulement à honorer le passé mais aussi à forger un avenir meilleur.

Proximus se pose en antithèse de Noa, représentant une vision radicale et tyrannique de l'héritage de Caesar. Son nom, qui évoque une continuité et une proximité avec Caesar, souligne son ambition de se positionner non seulement comme un leader, mais comme un successeur direct du grand singe. En transformant le prénom de Caesar en un titre honorifique, Proximus cherche à établir une légitimité autocratique, à l'image des empereurs romains qui se déclaraient héritiers d’un pouvoir divin et incontesté.

Sa capture d'un humain cultivé pour s'imprégner des connaissances de l’Empire romain témoigne de son désir de manipuler l’histoire pour renforcer sa position. En s’inspirant de figures historiques comme Gengis Khan, Proximus aspire à unifier tous les singes sous sa domination et à éradiquer les humains, incarnant ainsi une vision de conquête et de suprématie. Par sa volonté de déifier Caesar, il détourne la mémoire de celui-ci, transformant l’héritage de liberté et de coexistence en un outil de peur et de contrôle, justifiant ses actions brutales par un faux respect pour un passé qu’il déforme à sa guise.

Ce contraste entre Proximus et Noa illustre les thèmes centraux du film, explorant les différentes interprétations du leadership et de l'héritage, tout en soulignant les dangers de la tyrannie et de la manipulation de la mémoire collective au détriment de la vérité et de la paix.

Le personnage de Mae, interprété par la jeune Freya Allan, représente un reflet inquiétant des idées de Proximus, adhérant à la notion de suprématie humaine. Mae est attirée par la vision radicale de Proximus et incarne les tensions qui existent entre les différents groupes de singes et humains. Cependant, le film semble à peine effleurer cette dynamique complexe, laissant entrevoir un potentiel de développement narratif qui pourrait être exploré dans un éventuel deuxième opus, promettant une confrontation potentiellement explosive entre les idéologies de Mae et celles de Noa, tout en interrogeant la question de ce que signifie véritablement être un héritier dans ce nouvel ordre mondial.

Kingdom of the Planet of the Apes s'inscrit dans une continuité riche et complexe, explorant des thèmes d'héritage, de pouvoir et de coexistence dans un monde en mutation. À travers les personnages de Noa et Proximus, le film met en lumière les tensions entre différentes interprétations de l’héritage de Caesar, tout en interrogeant la nature du leadership et les conséquences des choix individuels. La quête initiatique de Noa, confrontée à la tyrannie de Proximus et aux aspirations de Mae, promet d’enrichir la saga en plongeant dans des dilemmes moraux profonds et des réflexions sur la mémoire collective.

StevenBen
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films "La Planète des singes"

Créée

le 30 oct. 2024

Critique lue 11 fois

Steven Benard

Écrit par

Critique lue 11 fois

D'autres avis sur La Planète des singes - Le Nouveau Royaume

La Planète des singes - Le Nouveau Royaume
FrankyFockers
5

Critique de La Planète des singes - Le Nouveau Royaume par FrankyFockers

Bien sûr, cela reste un divertissement agréable, surtout en salle, mais le film est tout de même une déception surtout en regard des trois excellents opus qui précédaient, et qui ont fait que...

le 8 mai 2024

49 j'aime

2

La Planète des singes - Le Nouveau Royaume
Fidjing
10

Critique de Fidjing : L'affrontement !

Ce film d'Action , d'Aventure et Science-fiction est le quatrième Opus de Wes Ball de la Saga " La planète des singes ".Plus de 300 ans après la mort de César un chimpanzé doué , les singes ont pris...

le 9 mai 2024

42 j'aime

9

Du même critique

Marvel’s Spider-Man 2
StevenBen
10

« Spider-Man didn’t save me back there, Miles did. » PETER PARKER

En 2023, cinq ans après Spider-Man et trois petites années après Spider-Man : Miles Morales, les hommes araignées reviennent dans une suite directe aux aventures des deux super-héros. Le studio...

le 4 janv. 2024

2 j'aime

L'Initiation - Dragon Ball, tome 3
StevenBen
7

« Si tu veux un conseil, n’utilise pas toute ta force… » SANGOKU

Comme la majorité des jeunes français, j’ai connu Dragon Ball le 02 mars 1988 sur TF1, dans le Club Dorothée. J’étais loin de me douter que ce dessin animé était l’adaptation d’une bande dessinée,...

le 18 oct. 2022

2 j'aime

3