J'ai revu Häxan en DVD en version couleur 87 minutes avec orchestre du Bulgarian Chamber Orchestra en 2019.
J'étais au départ habitué à la version avec Danse macabre de Camille Saint-Saëns, mais cette orchestre souligne bien la tension et la douleur rencontrée par les femmes accusées de sorcellerie au Moyen-Âge, puis d'hystérie ensuite jusqu'au XXème siècle.
Häxan est donc un des premiers docu-fictions de l'histoire, présentant et démontant les croyances et superstitions sur la sorcellerie à l'aide de scènettes en partant du postulat que l'on a compris que les vraies sorcières n'existaient pas.
Les "sorcières" ne sont que des femmes malheureuses, brisées ou au contraire trop débrouillardes et chanceuses donc suspectes aux yeux d'une Église du XVème siècle prête à se débarrasser de ce qui la dérange tout comme la société du XXe est prête à flanquer la moindre femme bizarre à l'asile ou à l'hospice.
Le film a même une phrase bien ironique pour montrer que c'étaient des hommes avides de pouvoir jalousant ceux de certaines femmes qui étaient les vrais responsables de l'apparition de cas de "sorcelleries" (en usant de tous les procédés violents et mensongers pour affermir leur autorité face à des femmes jugées étranges) :
Partout où les inquisiteurs passent, les cas de sorcellerie se
propagent telle la peste.
Il n'en reste que Häxan est assez bien documenté pour l'époque avec des sources et des mythologies d'époque variées, et qu'il fait aussi un postulat contre la torture faite pour arracher des aveux forcés et délirants sous l'effet de la douleur.
Le film montre aussi que les autres cas de sorcellerie étaient souvent faites par dépression nerveuse ou au contraire dans l'intention de nuire sans adhésion au satanisme pour autant.
Un film clair et nuancé, ce qui est rare pour l'époque quand on sait que les années 1915 et 1922 avaient produit des films propagandistes ou confisqués par la propagande tels Naissance d'une Nation, Nosferatu et Metropolis (le premier est taxé de racisme souvent à raison, et les deux derniers sont des chefs-d’œuvre mais soupçonnés d'antisémitisme ou d'anticommunisme).
Meilleure scène du film : quand le "Diable" fourche sa langue envers le prêtre.