Häxan : La sorcellerie à travers les âges est une œuvre cinématographique totalement unique. En effet, ce long-métrage de 1922 marie parfaitement un aspect documentaire, des séquences de fictions et d'autres de mise en abime.
Le tout se révèle extrêmement prenant dû à une réalisation ainsi qu'une photographie onirique rappelant plusieurs fois des tableaux. Ici, Benjamin Christensen nous offre peu de mouvement effectué par la caméra mais a contrario, ses acteurs et actrices ne cessent de bouger dans le cadre comme des danseurs fous. L'œuvre nous propose également grand nombre de superpositions d'images habiles et d'effets spéciaux n'ayant pas pris de ride. Vous l'aurez saisi, techniquement "Häxan" est irréprochable (notamment grâce à la superbe restauration effectuée pour les nouvelles éditions physiques disponible chez "Potemkine").
Là ou l'œuvre fascine le plus, c'est dans son aspect "perdu dans le temps". Nous y sommes happés d'une force telle que l'on en oublie l'époque ou le film a été conçu. Cela donne un coté surréaliste à l'œuvre, tout dans les décors, les costumes, la lumière reflète un temps passé fou, pervers, dangereux, concret, puissant, envoutant et passionnant. Nous finissons même par avoir cette inquiétante impression que les images défilantes sous nos yeux proviennent d'un véritable sabbat ou d'une vraie scène de torture tellement tout respire le concret, le vivant, tellement ce cauchemar ésotérique côtoie le réel, le quotidien de la vie des personnages présentés dans le film.
Le film, également, est loin d'être manichéen, point extrêmement positif, même si ce dernier nous dévoile une certaine vision des sorcières modernes paraissant particulièrement datée dans une des dernières scènes.
"Häxan" est un film qui marque son spectateur au fer rouge de part son foisonnement de détails, ses visuels hallucinés ainsi que son concret terrifiant et malin.