Gavin Hood que nous avions quitté après un relativement décevant (et encore c'est un bel euphémisme) X-Men Origins : Wolverine, nous revient dans l'adaptation de la série de roman de Orson Scott Card, le Cycle Ender, datant de 1985. Cette série de romans est assez controversée, l'auteur étant entre autre accusé de faire de l'eugénisme et de décrire une société fasciste avec plaisir, alors que comme le film, c'est une critique beaucoup plus ambigüe qu'il n'y parait. Mais rappelons-nous, les critiques et les journalistes, qu'ils soient littéraires ou cinématographiques sont des veaux comme dirait le défunt Général de Gaulle, donc si on leur met pas le propos à suivre en découpant la pensée selon les pointillés, ils sont trés vite largués et voit du fascisme et du patriote nationalisme partout (Guerre des Mondes, The Dark Knight, Kick Ass, Stratégie Ender, Starship Troopers même combat).
Oui, même ce pauvre Hollandais Violent a eu droit (malgré son odeur de sainteté universitaire et intellectuelle) à être accusé de propagande fasciste dans un film qui la dénonce bien entendu et parfois à notre goût avec un peu trop de sabots de plomb. Mais apparemment ce n'était pas assez pour la critique française, puisque l'ancêtre du point Godwin Begaudien, le cinéaste "expérimenté" Christophe Honoré, y voyait déjà une pur ode au fascisme, et un "cédérom pornographique" (je veux même pas savoir ce que ce bon vieux Honoré a pu mater dans sa vie comme porno).
Si vous voulez vous rincez l'oeil et/ou pleurer sur la décadence de la critique française, suivez le fürher ( guide en allemand) : http://louvreuse.net/Instant-critique/honore-vs-verhoeven.html
C'est vrai qu'on peut comprendre son hésitation, un mec qui fait Soldiers of Orange en Hollande, et qui dernièrement réalise Black Book, est forcément un pur nazillon qui rêve que de race supérieure. Sans parler de sa vision de l'état et la police dans Robocop. Un fils d'Adolf on vous dit, et c'est Christophe Honoré, pourtant le nom de famille de mon gâteau préféré qui vient vous le dire, argument à l'appui.
Ceci dit, ce dernier n'a pas l'apanage de la connerie critique, puisque même nos cinéastes à nous les obscurs, les sans-grade, les cinéastes dit de genre, sont capable de pondre des grosses idioties en vidéo aussi : http://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Video/VIDEO-Pascal-Laugier-The-Village-est-un-film-d-extreme-droite-3479346
M'enfin, nous ne sommes pas là pour compter les points de l'aberration intellectruelle française mais bien pour parler du nouveau film de Gavin Hood, cinéaste découvert médiatiquement par le sympathique "My Name is Totsi" dans lequel une petite frappe trouvait un bébé dans une voiture et décidait de s'en occuper juste avant d'avoir voulu le tuer". J'en raconte pas trop, pour ceux et celles qui voudrait découvrir le film de Hood. Ce dernier ayant reçu en 1993 pour son premier scénario de long "A Reasonable Man", futur long métrage inédit en France, le prix Diane Thomas Screenwriting Award des mains de Steven Spielberg, Kathleen Kennedy et Michael Douglas, excusez du peu.
Hood donc s'attaque à un des monuments de la littérature américaine de science-fiction avec autant de détracteurs (les lecteurs du bouquin, les déçus de Wolverine son précédent blockbuster) que de laudateurs (la critique française qui a aimé la fraîcheur et le renouveau de "My Name is Totsi", oui dès que les mecs reçoivent un oscar, nous on est comme ça on fond, pour la fraîcheur. Et bien que votre serviteur ait lu au moins un des bouquins du cycle Ender dans sa prime jeunesse, il n'en avait plus grand souvenir, aussi j'aborderais le film comme une entité propre et avec Spoiler, vous voilà prévenus sans tenir compte du livre.
Le héros, est magnifiquement incarné par Asia Butterfield, et même si le héros du roman est plus jeune, le fait de le vieillir un peu, ne fais rien perdre au propos de son efficacité. Le Ender du titre vient du fait que Ender est le surnom donnée à Andrew Wiggin par sa soeur Valentine. Ender donc "celui qui termine les choses" en anglais (et on le verra dans le film, il a la terminaison facile et expéditive) est le troisième fils surdoué d'une famille qui en comporte déjà deux. le maximum autorisé. Mais suite à une "commande du gouvernement", la naissance d'un troisième enfant est accordé à la famille, et Ender nait. Comme sa soeur et son frère, il est enrolé par l'armée pour combattre les Doryphores (une race extraterrestre extrêmement belliqueuse du moins selon l'Etat) et semble promu à un brillant avenir, mais Ender a un gros défaut, il est colérique, et se laisse souvent vaincre par sa colère (ce qui était aussi le défaut de son frère ainé), sa soeur étant elle beaucoup trop douce. Mais la "tare" d'Ender ne s'arrête pas là, puisqu'en plus d'être violent, Ender a aussi une énorme compassion pour ses ennemis. On comprend donc trés vite, qu'Ender a tout ce qu'il faut pour être un chef (relire Machiavel, le Prince pour s'en convaincre) puisqu'il possède à la fois la douceur de sa soeur, et la violence de son frère, il est le prototype parfait pour devenir un excellent chef de guerre.
Et c'est ce qui arrive, puisque le commandant Hyrum Graff (impeccable Harisson Ford) débarque dans sa famille pour l'enroler dans l'école militaire, en vue d'en faire un commandant d'élite dans la guerre contre les Doryphores. Parvenu dans l'école, Ender s'illustre en mal en laissant la petite frappe de l'école quasiment sur le carreau, et malgré le fait que ce dernier l'avait agressé, il ne peut s'empêcher de regretter la tournure qu'a pris l'agression, à son avantage, puisqu'il ébouillante son camarade, avant de lui faire embrasser l'arrête de la marche des douches le laissant à demi paralysé et baignant dans son propre sang. Ender en plus de Hyrum est suivi par une psychologue de l'école, le Major Enderson et ces derniers façonnent Andrew au moyen de test vidéo-ludique (sans jamais dénigrer le jeu vidéo, un bon point pour Hood) absolument comme il voudrait qu'il soit pour être le meilleur chef de guerre. Ender conquiert le coeur de ses camarades, en même temps qu'il passe de niveau supérieur en niveau supérieur jusqu'à ce qu'un combat dans la salle d'entrainement (à base de Quidditch un peu amélrioré) ne lui offre les moyens d'appliquer la profondeur de son intelligence en tant que stratège.
On ne spoilera pas toute l'intrigue, mais cette grandeur de stratège finira par lui être fatale dans un conflit aux enjeux totalement biaisés, et même si on sent venir le "twist" à cent pas, qu'on ait lu ou non le livre, rarement un film aura aussi bien collé son twist avec son propos. Le dernier en date étant sans doute le Village, d'où la citation de ce dernier dans la critique. Comment peut-on être suffisamment stupide pour voir le film, et y voir une ode au fascisme, alors que même si Ender est glorifié pour sa violence, et son "arrogance", le film par ses placements de caméra et ses cadres ne cessent de crier l'inverse. Mais les journalistes français n'y connaissant quasiment rien en technique, et en découpage, ceci explique sans doute cela.
Le film loin de se postionner dans un happy ending à l'américaine (comme lu dans la presse et sur internet) offre en réalité une réflexion bien plus profonde sur la colère, et les retombées psychologiques qu'elle peut entraîner. Sans parler d'une mise en lumière des processus d'édification par la propagande et la manipulation. Ender, entrainé par sa colère et sa soif de conquête, se verra accomplir le crime ultime, un "xénocide", le premier de l'humanité. Horrifié par son geste, et ne trouvant aucune consolation dans ce que lui dira son cerveau gauche (Hyrum) et son cerveau droit (le duo Valentine/ Anderson) , sans parler de sa conscience (inquiétant Ben Kingsley dans le rôle d'un patriote de légende qui n'a malheureusement de légende que l'apparence, la réalité étant plus que décevante) ; il quittera l'armée pour tenter de "réparer les choses" autant que faire se peut.
Il y aurait beaucoup à dire encore sur le film, notamment sur le paralèlle qu'on peut établir entre l'école militaire et les USA actuels, mais le but de cette critique est juste de donner aux lecteurs l'envie de faire fi de l'avis presse et de donner sa chance à ce film qui le mérite vraiment. Loin de ces oripeaux de Twilight de l'espace, la Stratégie d'Ender mérite largement le détour, surtout pour les spectateurs qui aiment réfléchir en plus d'assister à un bon spectacle.