Cette comédie de moeurs, très bien ancrée dans l'esprit des années 1980, se révèle être une satire féroce de la société qu'elle décrit de façon amère et peu orthodoxe. Allant des quartiers pauvres à la haute bourgeoisie, tout ce petit monde se révèle haut en couleur, et les scénaristes (Quentin et Chatiliez dans leur première collaboration. Suivront "Tatie Danielle" et "Le bonheur est dans le pré") s'en donnent à coeur joie : le César raflé est le fruit de ce travail. Dans ce beau monde, les acteurs qui se font remarquer sont Benoît Magimel (dans son tout premier rôle, Momo, alors âgé de 12 ans !), Patrick Bouchitey (déjà vu dans "Mortelle randonnée" de Claude Miller) et le regretté Daniel Gélin, vicieux à souhait. Cette satire sociale, bien que caricaturée à mort, se laisse voir grâce à l'écoulement fluide de la réalisation et à une paire hors paire d'acteurs. Etienne Chatiliez, pour son premier long, dégaine vite et bien mais l'on regrette que les paradoxes ne soient pas poussés un peu plus loin. Sinon, les situations s'enchaînent, et il y en a même qui sont devenues cultes : la chanson "Jésus revient", "le lundi, c'est raviolis" et les "mais, j'vous jure... Ah !, mais arrêtez d'jurer, Marie-Thérèse" par exemple. Chatiliez pousse ainsi la caricature pour montrer la différence entre ces deux classes. Le final en est la double signification : le proverbe "l'habit ne fait pas le moine" est ainsi mis à nu. Spectateurs, voulez-vous être témoins ou suspects ?