Qu’est-ce qu’on appelle une « Zone Rouge » ? Il s’agit de zones durement impactées à l’issue de la 1ère Guerre Mondiale, en raison de présence de milliers de cadavres et/ou de millions de munitions non explosées, enfouis dans les sols. Les séquelles de la guerre, très souvent invisible à l’œil nu, obligeant l’état français à interdire toute activité humaine sur ces zones. Que ce soit l’agriculture ou pour y reconstruire les villes rasées par les bombes ou même s’y rendre à pied pour s’y balader, ces zones y sont strictement réglementées et interdites d’accès car bien trop dangereuses.
Pendant des années, pendant la guerre, ces lieux ont été des déversoirs à bombes. Devenues des cimetières à ciel ouvert avec la plupart du temps, des sols souillés (dû aux bombes chimiques qui des décennies après, continuent de pourrir et de rouiller lentement mais sûrement). Ces zones laissées à l’abandon mais sous la surveillance de l’ONF ont été volontairement reboisées pour masquer les affres de la guerre.
Des zones où sont tombée l’équivalent de 5 à 6 fois Hiroshima et où l’on continue encore aujourd’hui de déterrer des soldats pour leur offrir une sépulture digne de ce nom. Des villages entiers y ont été rasés et ne seront jamais rebattis, à l’image de Fleury-devant-Douaumont, qui fut détruit en 1916 et possède encore malgré tout un maire. Sous le sol, des milliers de corps et de bombes rendent la reconstruction du village impossible.
Pour vous donner un ordre d’idée, il resterait encore 140 000 combattants enfouis dans la forêt de Verdun et comme à Tchernobyl ou à Fukushima, la Zone Rouge restera inhabitée pendant encore des centaines et des centaines de milliers d’années. Il est assez terrifiant de se dire que si la mémoire collective finira tôt ou tard par oublier les évènements tragiques qui y ont eu lieu, le sol lui, n’oubliera jamais et continuera quoi qu’il arrive à garder ses secrets et à les délivrer au compte-goutte.
Tristan Thil nous offre un voyage déroutant où par le bais de témoignages et de voix off, il nous fait revivre les terribles drames qui s’y sont joués. Les images sont saisissantes, comme lors de l’inhumation d’un soldat, ses os, son crâne, une sacoche, une chaussure, un fusil, … Des obus disséminés ici et là, au cœur d’une forêt ou au beau milieu d’un terrain agricole. Le passé refait surface et les souvenirs de la guerre ne sont jamais bien loin.
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