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Un classique du western de William Wyler avec Gary Cooper. Un juge vaut il un whisky ?

Après mon premier visionnage du sulfureux « Vampires » carpenterien, voici que se profile mon cycle westernien à partir de ce début du mois de juillet 2023, première année depuis 2014 où mon moment western devance mes James Bond d'été (c'est à dire 9 ans !) !! C'est dire mon attente de voir des pistoleros s'abreuver au comptoir, d'autant que l'année dernière, j'avais dû me contenter du duel « Les 7 mercenaires »/« Le sergent noir » début septembre en raison du programme footballistique chargé (ligue des champions, coupe du monde...).


Donc si « Le cavalier du désert » m'ouvre les portes du western cette année, « 3h10 pour Yuma » peut m'envoyer direct dans le galop de Van Heflin, « L'homme aux colts d'or » vers le soleil éblouissant de Dmytryk, « Les professionnels » va m'aguicher par le regard d'un certain Lancaster, « Le grand silence » m'absorbera sans doute par les inévitables envolées moriconiennes, « Il était une fois dans l'Ouest » me sidérera encore une fois par sa puissance léonienne, et enfin, le cultissime « Wyatt Earp » de Lawrence Kasdan terminera ma fascination westernienne estivale (aoûtienne, j'espère !).



Mais commençons tout d'abord par mon ouverture juillettiste avec « Le Cavalier du désert ».


Après avoir visionné le quinzième ou seizième métrage réalisé par William Wyler (le premier que je vois de ce réalisateur), je n'ai pu m'empêcher de lire une énième fois la bande-dessinée « Le Juge » -publiée en 1959- de la série « Lucky Luke » (que je considère comme l'un des meilleurs !). J'y ai retrouvé un parfum de nostalgie, et parfois, le pouvoir de passation de réalité à mythe et légende est bien terne. Qui est le héros de la BD ? Lucky Luke ou le Juge ? En tout cas, le Juge a bien façonné l'H(h)istoire de l'Ouest.

C'est en cela que, pour moi, le western, correspond à l'image que je me fais du du cinéma. Quand la légende dépasse la réalité, nous nous devons de garder la légende en tête. J'adapte moi-même ici le discours de John Ford (par le non moins cultissime « Homme qui tua Liberty Valance ») et je me dis que le cinéma n' pas fini de me conter l'histoire du western à travers documentaires, images d'archives, et l'imagination des réalisateurs que nous sommes tous. C'est pour ça que mon cycle W est important et que je classe le western comme le genre suprême du septième art. L'aridité et le soleil riment ainsi avec été.

Après cet aparté, je me permets donc de dire que l'album « Le Juge » (pour la représentation de Roy Bean sur ce « Cavalier du désert ») et « Des barbelés sur la prairie » -publié en 1967- (pour l'affrontement entre les éleveurs et les paysans) m'ont permis de me faire une idée sur le Far West il y a une bonne quinzaine d'années.

Aujourd'hui, du haut de mes 34 ans, avec « Le cavalier du désert », j'idéalise mon approche de l'Ouest sauvage des USA comme étant un endroit aride, peu reluisant et peuplé de cactus et de vautours. J'idéalise mon western parfait qui prendrait des allures de tragédie grecque. C'est donc avec ma verve habituelle que je passe au crible ce « Cavalier du désert » emprunt d'un jugement hâtif, mais d'un jugement de paix ô combien lumineux.


Tout d'abord, le scénario, basé sur une histoire de Stuart N. Lake (connu pour avoir écrit le roman controversé « Wyatt Earp, frontier marshall »), est tiré par les cheveux et écrit sur une balle d'un revolver grippé, mais pas à l'Ouest du Pecos ! Telle est ma sentence !

Nous sommes bien ici sur un scénario très limité qui se contente d'opposer fermiers et éleveurs, point barre.

Seul l'affrontement des deux protagonistes, le voleur de chevaux et le juge, tient ses promesses et nous promet de belles joutes verbales et un duel d'acteurs sans précédent, il est vrai.


Les pistoleros engagés par William Wyler sont, à l'Ouest du Pecos, dans l'enceinte du tribunal-bar The Jersey Lily ou par leurs affrontements, sont :

Gary Cooper (star américaine par excellence : « L'extravagant Mr Deeds », « Sergent York », « Pour qui sonne le glas », « Le train sifflera trois fois », « Vera cruz »...), le défenseur des opprimés, avec sa grandeur et sa candeur, campant un cow-boy trop loyal, sauve ce qu'il peut du film mis en scène par le Palmé Or 1957 pour « La loi du seigneur ». Il s'agit un rôle dans lequel je l'ai senti peu impliqué (il a accepté à reculons de jouer ce personnage de voleur de chevaux non pendu).

et Walter Brennan (légende du septième art : « Fury » et « Les bourreaux meurent aussi » pour Fritz Lang, « Le port de l'angoisse », « La rivière rouge » et « Rio bravo » pour Hawks, « Je suis un aventurier » d'Anthony Mann, …) qui, en juge Roy Bean porté sur l'alcool et le fusil, fait bien pâlichon. Et pourtant, Walter remporte ici (en 1941, pour la troisième et dernière fois de sa carrière !) l'Oscar du meilleur second rôle pour son interprétation.

C'est dire ma déception de ce duel d'acteurs que j'attendais avec impatience, mais sans verre de whisky à la main ! Un duo d'acteurs Cooper/Brennan qui se sont rencontrés sept fois en quinze ans pour le cinéma (de 1935 avec « Soir de noces » de King Vidor jusqu'en 1949 pour « Horizons en flammes » de Delmer Daves, en passant par « Sergent York » et « L'homme de la rue »).

Avec également l'élégante mais furtive apparition de Lillian Bond (ex-Baby Star, on l'a vue au cinéma dans « Femmes » de Cukor, « Le portrait de Dorian Gray » en compagnie d'Angela Lansbury) interprétant une magnifique et émoustillante Lily Langtry -véritable actrice ayant elle-aussi existé ! Bonne pioche William Wyler !


En revanche, la musique est totalement vieillotte et inutile du pourtant compositeur Dimitri Tiomkin à qui l'on doit les bandes sonores de « Mr Smith au sénat », « L'ombre d'un doute » (d'un certain Hitchcock), « La vie est belle » (de Frank Capra), « Le champion » (avec Kirk Douglas), « Géant », « Rio bravo », « Alamo » (sur les deux derniers films cités, Tiomkin inventa musicalement pour le cinéma le fameux Deguëllo !).

Une musique sortie d'une pétoire mal ajustée de la part de Tiomkin. Dommage...


Quant au tournage en studio, il se fait sentir à chaque scène, même lors des chevauchées. C'est dommage, d'autant que ces séquences là avaient tout pour maintenir et rehausser le tonus de ce « Cavalier du désert » assoiffé de bons sentiments.

Le thème des éleveurs contre les fermiers est anecdotique pour la mise en scène de l'histoire, la séquence du feu pouvait le prouver en étant peut être magistrale pour l'époque mais qui manque carrément de superbe aujourd'hui. Wyler fait du conventionnel et saccage à lui tout seul un travail de labeur qu'il aurait pu magnifier grâce à cette séquence. Pauvre de nous.

Filmé finalement comme une série B, la réalisation du pourtant oscarisé -3 fois !- du meilleur réalisateur (« Madame Miniver » en 1943, « Les plus belles années de notre vie » en 1947, « Ben-Hur » en 1960) ne nous embaume à aucun moment.

Sans soleil réel, Wyler ne croit même pas à son mythe. Pas de joker.


Le montage beaucoup trop décousu et la mise en scène vieillotte, usée et utilisant les codes du film noir américain d'époque comme un paysan alcoolisé sèmerait son foin nous assomme comme on boirait un whisky cul-sec. Diantre !

Le metteur en scène de la comédie romantique « Vacances romaines », du western « Les grands espaces » et du péplum hollywoodien « Ben-Hur » couronné de 11 Oscars (!!!) casse le rythme du western pour mieux nous berner, à s'en dessécher la gorge !

Un western d'antan qui est resté marqué (au fer forgé !) dans son époque et qui ne possède plus aucun charme en 2023.


J'ai quand même une préférence pour « La chevauchée fantastique », pourtant sorti seulement un an auparavant, qui pose les jalons du western moderne (héros, paysages filmés, tension nerveuse, duel final).

Le verdict ? Wyler est jugé coupable... .


« The Westerner »(1940), considéré comme un classique du genre, restera ce western déroutant, original et beaucoup trop conventionnel du réalisateur sacrifié des « Hauts de Hurlevent », de « La maison des otages » et de « L'obsédé ».

Un classique du western pour un coup de pétoire mal ajusté.


2 étoiles de shérif sur 10.


Spectateurs en manque de Gary Cooper, un lynchage vaut bien un William Wyler !

brunodinah
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le 5 juil. 2023

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