On parle de fin d'une trilogie avec ce "The World's end". "Shaun..." voulait traiter, en marge des zombies, de l'avenir qui s'ouvrait pour ce couple face à un avenir incertain. "Hot fuzz" quant à lui mettait en avant la place d'un homme au sein d'une communauté comme élément constitutif et profondément encré dans une réalité quotidienne. "The world's end"...
"The world's end" parle du temps qui est passé, des expériences lointaines et de la réalité bien présente. Est ce le quotidien d'Edgar Wright et de Nick Frost ? C'est peu probable. Mais est ce la réalité des personnages et de la société qui est question ? Ca l'est beaucoup plus. Et c'est là que le style évolue, c'est là que la qualité diminue mais grâce à un trio de qualité, ça tient.
Donc "The world's end" se concentre plus sur le personnage de Gary King, gros loser qui a perdu ses illusions en même temps que sa jeunesse. Centrer l'intrigue et les interactions autour d'un personnage aussi marqué peut paraître casse gueule dans ce qui ressemble à une comédie avec des extra terrestres. Et c'est un peu le problème d'un film à deux vitesses, entre une intrigue rigolote et légère, et une réflexion sur le temps qui passe et la jeunesse qui se perd en même temps que les illusions et l'espoir, thème bien plus sombre. Rapprocher les deux ne fonctionnent que trop rarement car on a du mal à tout passer à ce Gary King pénible et parfois injustifiable. Par moment le malheur du pauvre Gary est mis en commun avec celui des autres personnages, mais rien de bien profond. On survole des personnages, des motivations, des cicatrices et des peines. On se concentre sur l'action qu'on veut débile mais qui l'est bien moins que dans "Hot fuzz", chef d'œuvre de grand n'importe quoi.
Bref "The World's end" subsiste surtout par un regroupement de situations marrantes, d'acteurs excellents (la fine fleur des acteurs en vogue en Grande Bretagne) et de dialogues vraiment sympathiques. Reste une réflexion poussive sur le temps qui est passé et qui ne se rattrapera jamais, sauf... bah à la fin. Après tout le vieux Gary retrouve ses jeunes potes pour une virée grandeur nature dans une monde post apocalyptique digne des plus grands jeux de rôles vidéo et papier.
C'est peut être ça la fin de sa trilogie : chercher à traiter du passé d'un gars qui vient d'atteindre la quarantaine et qui refuse de vieillir comme un homme qu'il ne voulait pas devenir. Parler de ses potes comme des gens qui ont vieilli.
Mouais. Faudrait en parler mieux, Edgar, parce qu'à se rythme, ça va mal tourner alors que l'avenir reste devant toi...